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Maroc-France : ça s’aggrave, même Royal Air Maroc boycotte le français…

Maroc-France : ça s’aggrave, même Royal Air Maroc boycotte le français…

Les tensions entre le Maroc et la France viennent de connaître un inquiétant développement : à la compagnie aérienne marocaine, Royal Air Maroc (RAM), le personnel naviguant ne donne plus les instructions en français mais uniquement en arabe et en anglais. Rabat vient d’abattre un symbole très puissant quand on connait les liens historiques entre le Maroc et la France et vu ce que la langue française pèse dans le pays, dans le système éducatif et vu le poids des touristes et entrepreneurs français dans le royaume. Alors est-ce que les deux partenaires ont franchi un point de non-retour ? C’est toute la question…

Les visas, l’affaire Pegasus et Alger ça fait beaucoup

Une chose est certaine : il en faudra beaucoup pour ramener le souverain marocain à de meilleurs sentiments. Rien ne va plus entre les deux pays depuis que Paris a mis les pieds dans le plat dans 3 gros dossiers : la réduction des visas au motif que Rabat traîne les pieds (mais il n’était pas le seul, la Tunisie et l’Algérie aussi) pour récupérer ses ressortissants indésirables en France et l’affaire Pegasus, du nom du logiciel espion israélien accusé d’avoir infiltré le téléphone du président français Emmanuel Macron. Et puis il y a le rapprochement entre Paris et Alger

Pour les visas le problème est réglé en grande partie même si on n’est pas revenu au niveau d’avant, mais pour les deux autres dossiers les problèmes restent entiers. Certes les relations diplomatiques entre Alger et Paris se sont nettement dégradées depuis, à part les échanges commerciaux. Et l’avenir ne s’annonce guère plus radieux avec le durcissement du discours du favori – selon les sondages – de la présidentielle française de 2027 en direction de l’Algérie. Mais tout ça ne suffira pas à consoler le roi du Maroc, Mohammed VI.

Il restera toutes ces horreurs que le chef de l’Etat français aurait débitées à la face de Sa Majesté en réaction au vol présumé de ses données téléphoniques par les services marocains, a confié le célèbre écrivain Tahar Ben Jelloun. Ce que Macron aurait dit à Mohammed VI n’a pas été digéré au point que Rabat a refusé l’aide française au moment où il en avait le plus besoin, après le séisme du 8 septembre 2023. Là aussi la presse française n’a pas arrangé les choses en se focalisant plus que de raison sur le traitement réservé à l’aide française…

Macron n’aurait pas dû piétiner Mitterrand, Chirac et Hollande

Que reste-t-il des liens très solides naguère entre la France et le Maroc ? Il reste les séjours du roi du Maroc dans l’Hexagone pour y subir des soins ou y passer des vacances – d’ailleurs il y est une bonne partie de l’année – ; il reste les relations commerciales même si elles se sont distendues au point que la France n’est plus le premier investisseur au Maroc et il reste le trait d’union entre les deux nations par le biais de leurs imposantes communautés des deux côtés de la Méditerranée. Vous me direz que c’est beaucoup mais c’est très en-deçà des liens qu’entretenaient les deux pays.

Le président Macron avait tendu la main à Rabat en février 2023 et le palais de l’Elysée avait annoncé que tous les 6 mois le chef de l’Etat se rendrait en Afrique. L’idée était de tenter d’éteindre les foyers de tension et de rebâtir les rapports avec un continent qui a mué et de manière fulgurante ces dernières avec l’entrée en scène de nouveaux acteurs : la Chine, la Turquie, la Russie, l’Inde, etc. Macron ne tiendra pas parole pour la simple raison qu’il ne pourra plus aller là où il devait aller prioritairement : Au Niger, au Mali, au Burkina Faso et en Guinée. Trop tard, il a trop laissé enfler le sentiment-français, comme d’ailleurs le lui ont reproché 94 parlementaires français dans une lettre ouverte.

Macron est sans aucun doute un président qui fourmille d’idées et volontaire mais sa fougue lui a joué des tours. Il n’a pas compris que les débordements de langage qu’il peut s’autoriser derrière les murs feutrés de son palais n’ont pas droit de cité en public, à la face de ses partenaires. Il a voulu s’essayer à une diplomatie décomplexée, franche du collier à la Nicolas Sarkozy, pour enterrer définitivement le langage sirupeux, émollient et inefficace de ses prédécesseurs – François Mitterrand, Jacques Chirac et François Hollande surtout. Macron a eu tort et s’est loupé sur toute la ligne, il fallait faire exactement comme ses illustres aînés, surtout dans une conjoncture aussi explosive, en Afrique et ailleurs.

 

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