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Israël-Hamas : Un célèbre politologue français dépeint la tragédie israélienne

Israël-Hamas : Un célèbre politologue français dépeint la tragédie israélienne

6 mois après l’attaque sanglante qui a endeuillé Israël et la riposte à grande échelle qui s’en est suivie quel est le bilan du face-à-face entre Tsahal et les combattants du Hamas ? Beaucoup de morts côté palestinien, beaucoup trop. Mais aussi des centaines de morts côté israélien, les pires pertes dans toute l’histoire de la puissante armée de l’Etat hébreu sans que tous les objectifs de départ ne soient atteints. Le traumatisme est national. Des dizaines de milliers d’Israéliens manifestent tous les jours pour exiger le départ du Premier ministre Benjamin Netanyahu et des élections anticipées. Mais ce n’est pas le seul problème de Netanyahu, il y a surtout cette opinion publique qui a dépassé le stade du doute pour être gagnée par la terreur face à l’isolement croissant d’Israël sur la scène internationale. Il y a ces médias nationaux qui n’hésitent plus à parler de bérézina. Gilles Kepel, politologue fin connaisseur du monde arabe, a apporté ses lumières dans cette tragédie à ciel ouvert au Proche-Orient.

«Israël est à un pas de la victoire», clame Netanyahu pour imposer une doxa à laquelle même lui ne croit pas. Kepel est formel : «il est surtout, après 6 mois, dans une situation où il n’a pas remporté de victoire (…). C’est la première fois pour l’État hébreu, où après 6 mois de mobilisation, plusieurs dizaines de milliers de morts, civils et militaires, il n’a pas été capable d’imposer une victoire décisive éclair sur le terrain de Gaza. Et cela, c’est un énorme problème».

Au sujet des nouveaux plans – certains diraient vues de l’esprit – du Premier ministre israélien l’universitaire français a avancé ceci ce lundi 8 avril sur Public Sénat : «Ce qu’il veut dire par là, c’est qu’il va changer de stratégie». Rappelons que Netanyahu a décrété le retrait des forces israéliennes opérant à Khan Younès, grande ville de la bande de Gaza, le bastion de Yahya Sinouar, leader du Hamas et ennemi numéro 1 de l’armée israélienne…

Manifestement Tsahal veut faire mouvement vers Rafah, ce à quoi le premier soutien de l’Etat hébreu, les USA et un autre allié, l’Egypte, s’opposent formellement. «L’objectif de Netanyahu, c’est, une fois que la population civile aura bougé, de lancer son assaut final, pensant que Yahya Sinouar s’y dissimule, probablement entouré des otages survivants (…). Pour lui [Netanyahu], montrer qu’il a capturé ou tué Sinouar est une manière de cautériser la douleur terrible que ressentent les Israéliens depuis le 7 octobre».

Reste à savoir si l’armée israélienne est outillée pour atteindre cet objectif. «Cela dépend de l’opération. Une opération sur le terrain avec l’infanterie peut-être, mais je crois qu’il va surtout s’agir de bombardements avec une visée de pénétrer profondément dans les tunnels…», déclare l’islamologue. Mais il avertit, après le tir de Tsahal qui a tué 7 humanitaires de l’organisation World Central Kitchen : Des «massacres de populations civiles ou humanitaires» seraient un «problème majeur d’opinion publique».

Au sujet des pourparlers au Caire (Egypte) pour arracher un cessez-le-feu, pour lequel le Premier ministre israélien est très réfractaire, le politique français a dit ceci : «Netanyahu ne peut pas accepter un cessez-le-feu, tant qu’il n’a pas remporté une victoire militaire, parce que dans ce cas-là, il se discrédite totalement aux yeux de l’électorat israélien». Kepel a ajouté que certes Netanyahu est n’est pas «très populaire» auprès des Israéliens, mais la coalition qu’il pilote au Parlement est encore «très solide».

A propos de la propagation du conflit dans la région, qu’on voit déjà au Liban et en Iran, le politologue fait le commentaire suivant : «Une autre option qui s’ajoute et se conjugue dans la stratégie militaire de M. Netanyahu, c’est d’attaquer le Hezbollah au Liban. Il y a quelque chose qui se transforme dans la configuration militaire régionale». Le Liban mais aussi l’Iran. «Tout indique, ce sont les déclarations des Israéliens, qu’ils vont» frapper «le Hezbollah. Mais est-ce que les Iraniens seront capables d’y répondre ?» Kepel refuse de se prononcer.

 

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