Les vagues de migrants qui déferlent, hors de contrôle, sont un problème pour le pays de transit, la Tunisie mais ça l’est aussi et surtout pour les Européens, que ce dossier empêche littéralement de dormir sur leurs deux oreilles. Et d’ailleurs c’est essentiellement pour ça que l’Italie et la France harcèlent le FMI pour épauler Tunis. Ils ne s’en cachent pas : ils se démènent pour éviter un “effondrement” que l’Europe payerait très cher. Pour les autorités tunisiennes il n’y a aucune gloire à tirer de ce statut de fardeau pour les autres, “mais tous les chemins mènent à Rome“, en l’occurrence Washington (le FMI). Entre temps rien ne va plus entre la France et l’Italie, elles s’étripent publiquement…
Les flux migratoires sont repassés par là. Et c’est encore le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin qui a chargé, violemment. Il a déclaré ce jeudi 4 mai que la Première ministre italienne Giorgia Meloni «est incapable de régler les problèmes migratoires» de son pays, assailli par des débarquements sans précédent.
«Madame Meloni, gouvernement d’extrême droite choisi par les amis de Mme (Marine) Le Pen, est incapable de régler les problèmes migratoires sur lesquels elle a été élue», a asséné sur RMC Darmanin. Il répliquait à la sortie du président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, sur la déferlante de migrants à la frontière franco-italienne, qu’il impute à l’inaction du gouvernement français.
«Oui, il y a un afflux de personnes migrantes et notamment de mineurs» au sud de la France, a admis le ministre, mais «la vérité, c’est qu’il y a en Tunisie […] une situation politique qui fait que beaucoup d’enfants notamment remontent par l’Italie et que l’Italie est incapable […] de gérer cette pression migratoire», a-t-il ajouté.
«Meloni, c’est comme (la cheffe de file de l’extrême droite en France Marine) Le Pen, elle se fait élire sur ‘vous allez voir ce que vous allez voir’ et puis ce qu’on voit c’est que ça (l’immigration) ne s’arrête pas et que ça s’amplifie», a lâché Darmanin. D’après lui la cheffe du gouvernement italien est submergée par «une très grave crise migratoire».
Rome n’a pas du tout apprécié le tacle. Son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a dit que ces propos sont «inacceptables». Il a annoncé dans la foulée qu’il annule son voyage à Paris, programmé ce jeudi dans la soirée. Le Quai d’Orsay est monté au front pour opérer une désescalade. Paris souhaite que cette visite soit «reprogrammée rapidement»…
La relation entre les deux pays est «fondée sur le respect mutuel, entre nos deux pays et entre leurs dirigeants», a martelé la diplomatie française. «Le gouvernement français souhaite travailler avec l’Italie pour faire face au défi commun que représente la hausse rapide des flux migratoires», avait dit un plus tôt le ministère français des Affaires étrangères.
Fin de la passe d’armes ? On verra bien. Rappelons que ce n’est pas la première éruption entre les deux alliés. Dès son arrivée au pouvoir Meloni avait annoncé la couleur en fermant la porte au navire humanitaire de l’ONG SOS Méditerranée. La France avait dû, pour la première fois, laisser accoster le bateau à Toulon. Ulcéré, Paris avait exigé une réunion européenne pour fixer le cadre.
Les 36 000 migrants illégaux qui tourmentent l’Italie depuis le début de l’année – contre 9000 à la même période en 2022 – ont laissé des traces, et le dossier est loin d’être fermé…
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