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Le “deal” cuisiné par ses soutiens pour légitimer la débâcle du 17 décembre

Le “deal” cuisiné par ses soutiens pour légitimer la débâcle du 17 décembre

Rester, se cramponner après la débâcle du premier tour des législatives du 17 décembre ? Oui, certainement car il n’est pas dans la nature intrinsèque du chef de l’Etat, Kais Saied, de déserter, de décamper, surtout quand la pression vient de ses opposants. Oui mais comment se maintenir, avec quels outils ? Le mouvement Echaab, un des soutiens de la première heure du président de la République, a sa petite idée sur la question…

Saied est intervenu très mollement 48 heures après les premiers résultats préliminaires du fiasco de samedi dernier, il l’a fait au détour d’un entretien avec la cheffe du gouvernement, Najla Bouden. Mais assurément ce qu’il a dit est très loin de calmer les angoisses des citoyens face aux difficultés du moment, de tous ordres. Alors ce que l’occupant du palais de Carthage n’a pas pu ou su défendre devant ses partisans c’est le secrétaire général du mouvement Echaab, Haykel Mekki, qui s’y colle ce mardi 20 décembre, sur une radio privée.

D’abord il tord le cou aux appels à la démission du président de la République. Déraisonnable, insensé, illégal, rétorque l’ex-député. Il est formel : l’échec de samedi dernier n’est pas d’ordre politique mais plutôt social et économique. Et ce n’est pas un dialogue du type de celui piloté par le Quartet en 2013 qui va tirer le pays de ce mauvais pas (c’est aussi une façon très diplomatique de tailler les ailes de l’UGTT). Sa proposition est limpide : il revient au gouvernement de Najla Bouden de rendre son tablier et pas au chef de l’État…

Un argumentaire qui ne tient pas une seconde puisque tout le monde sait que c’est Saied qui décide de tout – ou presque – depuis le 25 juillet 2021.

Selon Mekki l’équipe gouvernementale a été incapable de proposer des solutions à la crise économique et encore moins assurer la sécurité alimentaire des Tunisiens. Il est d’avis qu’il y a d’autres voies que l’appui des Américains ou l’accord avec le Fonds monétaire international (FMI). C’est aussi l’avis d’un autre soutien très actif de Kais Saied, l’ancien dirigeant d’Ennahdha et ancien ministre Imed Hammami. Mais qu’ils nous les présentent ces alternatives ou plutôt qu’ils les soufflent au chef de l’Etat…

Rappelons que Saied a défriché la piste du financement chinois, lors du Sommet en Arabie saoudite, mais on n’en est qu’aux balbutiements. Il y a énormément de boulot avant de voir, éventuellement, la couleur des billets de Pékin.

Mekki a déclaré que si les Tunisiens ne se sont pas rendus aux urnes c’est uniquement à cause de la détérioration de leur situation économique et des pénuries (c’est un argumentaire qui plaira beaucoup à Saied). Il a invité le président à mettre la problématique économique au coeur de son action. C’est du reste ce que lui suggère très fortement le dernier communiqué de Paris suite au dernier scrutin. On verra ce que Tunis fera de ces conseils frappés au coin du bon sens.

Enfin le responsable du mouvement Echaab a avancé que le rapprochement des points de vue entre le chef de l’Etat et l’UGTT pourrait débloquer tout le pays. C’est aussi ce que le secrétaire général de la centrale syndicale a mis sur la table ce mardi, lors d’un rassemblement devant le siège de l’Office des terres domaniales. Là aussi on verra si c’est le même son de cloche du côté de la Kasbah mais surtout de Carthage…

En tout cas une chose est certaine : Le dédain pour la main tendue et le dialogue est un luxe que l’exécutif tunisien peut de moins en moins se payer, surtout après l’inquiétante sortie du très influent magazine américain Bloomberg.

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