Economie

Le départ des investisseurs dans le secteur de l’énergie : quelles répercussions ?

Le départ des investisseurs dans le secteur de l’énergie : quelles répercussions ?

Le rôle du Gouvernement; à travers le ministère de l’énergie ainsi que les structures gouvernementales en charge de ce dossier stratégique; doit incontestablement se baser sur une mission de taille; celle d’attirer les investissements directs étrangers (IDE) capables d’investir dans le secteur de l’exploration et du développement. Mais aussi celles ayant les aptitudes technologiques, le potentiel humain, la solidité financière et surtout le respect des normes environnementales. L’objectif étant de contribuer à soutenir le secteur, à explorer de nouveaux gisements et optimiser la production des d’hydrocarbures, évidemment à au coût optimal.

Le niveau d’investissement dépend souvent des évolutions du contexte international et en particulier du cours du pétrole sur le marché mondial, qui s’envole actuellement à des niveaux très hauts, ce qui rend la mission d’attirer les investisseurs, plus difficile. Malheureusement la Tunisie est en train de perdre du terrain, à ce niveau, avec la sortie depuis quelques années d’investisseurs de référence dans le secteur énergétique.

Le dernier départ de « Shell »

La Shell Oil Company a officiellement mis fin à son activité en Tunisie en abandonnant l’exploitation d’un des plus grands gisements pétroliers du pays, dont la licence d’exploitation a été transférée à l’Etat tunisien. Cet évènement alimente les inquiétudes quant à l’impact du départ des grandes sociétés de l’un des secteurs d’investissement les plus importants en Tunisie et la capacité du gouvernement à exploiter et développer les gisements pétroliers.

Le ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Energie a annoncé, en début de semaine dernière, l’octroi de la concession « Miskar » à l’Entreprise Tunisienne d’Activités Pétrolières « ETAP » pour une durée de 26 ans, après son exploitation pendant 30 ans par le Société « Shell ». Le ministère a déclaré que cette décision intervient après que Shell ait annoncé en juin 2021 son intention de ne pas continuer à exploiter la concession de Miscar après le 8 juin 2022 et de la restituer à l’État tunisien.

Ainsi, « Shell » a rejoint la liste des investisseurs qui ont quitté la Tunisie ces dernières années, dont « Eni » et « Petrofac ».

Des doutes planent sur la capacité de l’Entreprise Tunisienne d’Activités Pétrolières « ETAP » à poursuivre l’exploitation du gisement « Miskar », surtout en matière de savoir-faire et au niveau des ressources financières.

Risques accrus de dépendance énergétique

Les données montrent que de nombreux gisements toucheront la fin de leurs contrats et que la liste des sociétés partantes s’allongera en 2023, sachant que Shell a commencé à prendre des mesures depuis 2020 pour confirmer son intention de quitter le pays.

Le champ Miskar est considéré comme l’un des plus importants champs de production de gaz en Tunisie, sa production représente 25% de la production nationale de gaz et 40% de la consommation intérieure. Les réserves totales prouvées du champ Miskar sont estimées à 1,5 trillion de mètres cubes et sa production quotidienne est estimée à 200 millions de mètres cubes.

La Tunisie a enregistré une baisse de la contribution de la production nationale aux besoins en gaz naturel du pays de 43 à 40% entre mai 2021 et mai 2022, tandis que le pourcentage des besoins en gaz algérien est passé de 39 à 45% au cours de la même période, selon le ministère de l’industrie, de l’énergie et des mines.

Les observateurs estiment que l’impact du départ de Shell et susceptible d’affecter directement le climat d’investissement et la capacité de la Tunisie à attirer de nouveaux investisseurs. Cela est dû, selon certains, à des raisons locales et régionales qui rendent la Tunisie moins attractive pour les grandes sociétés énergétiques, qui ont changé leurs stratégies d’investissement et commerciales en orientant leurs explorations vers les champs les plus rentables.

Notons que les intentions des investissements directs étrangers sont estimées en mai dernier à une valeur de 837,7 millions de dinars, dont 243 millions de dinars étaient des investissements dans le secteur de l’énergie. Au cours des cinq premiers mois de 2022, les investissements étrangers déclarés en Tunisie ont augmenté de 37,7% par rapport à la même période en 2021, atteignant une valeur de 841,2 millions de dinars, selon les données publiées par l’Agence de promotion des investissements étrangers.

Dans la répartition sectorielle de ces investissements, 36,4% ont été dédiés au secteur de l’énergie.

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