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Le Gabon ou le “coup d’Etat vertueux” : Fitch Ratings relève la note souveraine et le gouvernement dégaine 1333 milliards FCFA

Le Gabon ou le “coup d’Etat vertueux” : Fitch Ratings relève la note souveraine et le gouvernement dégaine 1333 milliards FCFA

Quand on vous parlait de spécificité gabonaise. Attention, comprenons-nous bien : au Gabon aussi le coup d’Etat a été sanctionné par l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEMAC), et d’ailleurs le Gabon a été suspendu par les deux et n’y a plus droit de cité. Cela s’ajoute au tour de vis des autres partenaires après le putsch du 30 août 2023, surtout les USA et les pays européens. Ces coups font mal mais on n’a pas entendu Libreville broncher et encore moins quitter la CEMAC, comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont quitté la CEDEAO, dans un chantage éhonté pour obtenir la lavée de ces sanctions. Le Gabon lui a fait ce qu’on lui demandait au lieu de se lancer dans des combats d’arrière-garde contre des ennemis réels ou fantasmés – la France surtout. La junte gabonaise ne s’est pas éparpillée, elle s’est concentrée sur le redressement du pays, a donné des gages politiques et constitutionnels suffisamment solides pour être récompensés par l’Agence américaine de notation Fitch Ratings.

La note souveraine reste à «B-» avec «perspectives stables»

Officiellement le pays est sorti du trou de la surveillance négative. «Notre position reflète l’atténuation des incertitudes politiques après la formation d’un gouvernement de transition, comprenant des personnes de la société civile, des membres de l’opposition et de l’ancienne administration de Bongo», indique le document de l’agence. Concrètement la note souveraine du pays reste à «B-» avec «perspectives stables». C’est en soi un véritable exploit des nouvelles autorités.

Pourtant la situation est très compliquée pour les finances publiques. Le gouvernement de transition n’a encaissé qu’une partie des soutiens budgétaires qui devaient venir des partenaires traditionnels tels que la Banque africaine de développement, la Banque mondiale ou l’Agence française de Développement. En dépit de ça les autorités ont pu régler des arriérés de dette qui montent à 381,4 milliards FCFA (628,4 millions $).

A noter qu’avant l’irruption des putschistes le gouvernement d’Ali Bongo Ondimba avait réussi à refinancer son eurobond arrivant à échéance en 2025 en décrochant une garantie de l’International Development Finance Corporation (DFC), un organisme américain. Mais dès l’éviction de Bongo les militaires ont émis des signes positifs en honorant une première tranche de remboursement de 1,1 million $, grâce au maintien de la garantie du DFC malgré le gel de l’enveloppe américaine.

Sur les pas de l’exploit ivoirien…

La notation de Fitch tombe à pic car en 2024 le pays devra faire face au remboursement de 431 milliards FCFA, contractés auprès des banques et des marchés internationaux. A cela s’ajoute l’ardoise de 403 milliards FCFA, des prêts accordés par des pays partenaires. Ce n’est pas peu. Pour muscler son budget le Gabon a prévu dans sa Loi de finances de 2024 une sortie sur le marché international pour collecter 470 milliards FCFA. L’exploit de la Côte d’Ivoire, 2,6 milliards de dollars avec un taux d’intérêt de 6,61%, donne des idées.

Bon, il n’est pas dit que le Gabon aura le même succès mais le pays a les ressources naturelles et les recettes qu’il faut pour rassurer les investisseurs. Depuis que les revenus du pays, colossaux, n’atterrissent plus dans les poches du clan Bongo et de leurs affidés le pays a gagné en crédibilité. Le général Brice Oligui Nguema a pris la tête d’un combat acharné contre la corruption des élites et la mauvaise gestion. Il a embarqué les forces vives dans un dialogue national inclusif pour conduire le pays aux élections de 2025 et au retour à l’ordre constitutionnel.

Rien de tout ça dans l’agitation au Sahel, au contraire les juntes malienne, burkinabé et nigérienne manoeuvrent pour confisquer le pouvoir alors qu’elles s’étaient engagées pour une courte transition. Mais on le sait, l’appétit des militaires pour le pouvoir vient en mangeant. Une fois qu’ils sont sortis de la rudesse de leurs camps pour investir les dorures des palais il est très difficile de les en déloger. Les organisations dont font partie ces pays sont là pour leur rappeler qu’on ne peut plus continuer à penser au 21e siècle que les coups d’Etat régleront les problèmes des Africains.

Dans le Plan National de développement pour la Transition (PNDT) du gouvernement gabonais 1333 milliards FCFA sont prévus pour les infrastructures routières, de 2024 à 2026. Le moins qu’on puisse dire est que le général a des ambitions pour son pays. Reste à convaincre les autres agences de notation internationales telles que Moody’s, qui conservent les perspectives négatives depuis le 6 décembre 2023 et placent encore la dette du Gabon dans la case ‘très spéculative’. 

 

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