Economie

Le tacle à peine déguisé du Ministre de l’économie à la BCT

Le tacle à peine déguisé du Ministre de l’économie à la BCT

La Banque centrale de Tunisie (BCT) vient de recevoir une balle perdue. L’institut d’émission est dans la tourmente depuis quelque temps pour ses choix de conduite de politique monétaire et le goinfrage des banques de la place des bons de trésors au dépend du financement de l’économie.

Cette fois-ci, c’est un ministre et pas n’importe lequel, qui a dégainé. Faisant la promo du PPP (partenariat public-privé), le ministre de l’Économie, Samir Saïed, a lancé, hier jeudi 15 juin, un appel aux patrons tunisiens, ainsi qu’aux banquiers, pour les amener à investir dans le PPP. Il s’agit de faire aboutir un projet porté par son ministère et inscrit dans le plan de développement 2023-2025, dont la valeur se monte à 27 milliards de dinars.

Cependant, au détour d’une phrase, Saïed a sorti la sulfureuse. Il s’est dit étonné du refus des hommes d’affaires et des banques en Tunisie d’investir dans ce partenariat, qui demeure fort intéressant et qui attire des investisseurs étrangers. Il s’est dit prêt de revoir avec les investisseurs, les problèmes notés au passé et faire en sorte de les dépasser. Le message est subliminal.

Les banques qui rechignent à financer des PPP juteux et attrayants pour les IDE. Le message est limpide : les banques se servent au buffet à volonté des bons de trésor servis par le ministère des Finances. De son côté, la BCT refinance indirectement les bons de trésor à court terme (BTC) sous forme d’open market ou sous forme de garantie.

Le fait est là : le financement bancaire est pratiquement orienté vers le financement du budget de l’État, provoquant un effet d’éviction. Cela se répercute sur le financement de l’investissement et du secteur privé, et impactera la croissance du pays.

Entre-temps, l’exposition des banques de la place sur la dette de l’État est en train de s’agrandir.

Pour faire face au grand manque de liquidités et de ressources de financement pour le trésor public de l’État tunisien, les banques sont-elles la solution ? Soit, mais une solution qui coute cher. Or, une solution de facilité, court-termiste et dangereuse est disponible : l’argent est dispo auprès de la BCT. Mais la loi interdit ; sauf exception comme fut le cas en 2020 ; d’accorder des avances au Trésor. Donc, des voix se lèvent pour changer la loi.

Cependant, Samir Saïed a été plusieurs fois banquier et dernièrement, s’est opposé aux voix contre l’indépendance de la BCT. Un lapsus révélateur ? Espérons que l’idée ne germe pas au sein du Gouvernement lui-même. Car ça serait comme se tirer une balle dans le pied !

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