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Niger : Les putschistes dégainent le procès de Bazoum pour «haute trahison», la CEDEAO et la France ont déjà perdu la partie?

Niger : Les putschistes dégainent le procès de Bazoum pour «haute trahison», la CEDEAO et la France ont déjà perdu la partie?

Pour ceux qui en doutaient encore les putschistes nigériens n’ont nullement l’intention de rendre le pouvoir, même à moyen terme, même s’ils font semblant de négocier avec la CEDEAO qui feint elle aussi d’attendre quelque chose de ces pourparlers entre Niamey et l’organisation ouest-africaine. Après avoir nommé un gouvernement de 21 membres la junte frappe un autre coup en annonçant hier dimanche 13 août son intention de «poursuivre» le président Mohamed Bazoum pour «haute trahison» et «atteinte à la sûreté» de la nation…

«Le gouvernement nigérien a réuni à ce jour» les «preuves pour poursuivre devant les instances nationales et internationales compétentes le président déchu et ses complices locaux et étrangers, pour haute trahison et atteinte à la sûreté intérieure et extérieure du Niger», a fait savoir le colonel-major Amadou Abdramane, porte-parole du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), dans un communiqué lu à la télévision nationale.

Les autorités étayent ces lourdes accusations par des «échanges» entre Bazoum, des «nationaux», des «chefs d’État étrangers» et des «responsables d’organisations internationales»…

Vous l’aurez compris : toutes les conversations entre le président démocratiquement élu et ses partenaires depuis le coup d’Etat du 26 juillet dernier seront versées à son dossier à charge et retenues contre lui. Rien ne lui sera épargné. Il n’y a pas que les putschistes qui négocient avec un pistolet sur la tempe – la menace d’une intervention militaire de la CEDEAO -, cette dernière aussi. Clairement Bazoum est pris en otage et sa vie serait menacée en cas d’action militaire.

Les putschistes en ont remis une bonne louche en mettant en cause “la sincérité” du président déchu quand il affirme “qu’il est séquestré, alors même que les militaires n’ont jamais investi sa résidence présidentielle et qu’il dispose encore de tous les moyens de communication». Ils déclarent que Bazoum «reçoit régulièrement la visite de son médecin»…

«Après cette visite, le médecin n’a soulevé aucun problème quant à l’état de santé du président déchu et des membres de sa famille», indique le communiqué lu à la télévision nationale.

Rappelons que le chef de l’Etat est en résidence surveillée depuis le 26 juillet, avec son fils et son épouse et qu’il avait confié à plusieurs médias qu’il est pris en «otage», que même l’électricité a été coupée et qu’il est obligé de ne manger que du riz et des pâtes…

Ce ne sont pas les seuls griefs du régime militaire, ils s’en prennent également aux “sanctions illégales, inhumaines et humiliantes de la Cedeao (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest)», décrétées lors du sommet de l’organisation le 30 juillet. A noter que tous les États ouest-africains ont décidé de geler toutes les transactions financières et commerciales avec le Niger, plus d’autres mesures qui asphyxient l’économie locale et les habitants dans l’un des pays les plus pauvres de la planète.

Ces sanctions «vont jusqu’à priver le pays de produits pharmaceutiques, de denrées alimentaires» et de «fourniture en courant électrique», dénoncent les putschistes dans leur communiqué.

Au sujet des arrestations dans les rangs du régime déchu la junte réitère sa «ferme volonté de respecter (…) les engagements du Niger en matière de droits de l’homme»…

Voilà, le général Abdourahmane Tchiani, l’homme fort depuis le putsch, souffle le chaud et le froid, il louvoie pour gagner du temps et asseoir un peu plus son emprise sur le pays. Exactement comme l’a fait le colonel Assimi Goïta après les deux coups d’État au Mali – en 2020 et 2021 – pour desserrer l’étau des sanctions de la CEDEAO. In fine il a expulsé les soldats français et fait voter une constitution taillée pour calmer l’organisation régionale, avec le retour des civils au pouvoirs après les élections, mais un scrutin auquel les putschistes pourraient participer…

Le Burkina Faso et la Guinée Conakry, eux aussi dirigés par des putschistes et donc sous le coup de sanctions conformément aux statuts de la CEDEAO, prennent exactement la même trajectoire que Bamako, direction la Russie. Le Niger pourrait rapidement s’ajouter à cette liste qui s’allonge dangereusement.

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