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Par Amine Ben Gamra : Dix ans après la révolution, la Tunisie face à un avenir incertain

Par Amine Ben Gamra : Dix ans après la révolution, la Tunisie face à un avenir incertain

Aujourd’hui la Tunisie est confrontée à un avenir incertain, à moins que ses dirigeants articulent et promulguent des réformes économiques audacieuses qui offrent un espoir désespérément nécessaire à la masse de jeunes chômeurs ou les non qualifiés du pays. Si l’élite tunisienne continue de tripoter pendant que Carthage brûle, la seule démocratie naissante dans le monde arabe risque de s’autodétruire ou de revenir à une forme de régime autoritaire.

Actuellement, le gouvernement prévoit, suite aux études réalisées, une décroissance de 6,5% (la cinquième fois après l’indépendance où on enregistre une croissance négative et deuxième après la révolution). Les dépenses de l’Etat ont augmenté (aides sociales, chômage technique, stock stratégique de 350 millions de dinars pour des recettes fiscales en baisse, outre un budget supplémentaire de 300 millions de dinars pour le soutien des PME, etc.). Le manque à gagner en termes de recette fiscale est de plus de 5 milliards de dinars. Le gouvernement prévoit ainsi un déficit budgétaire en nette augmentation qui va dépasser les 7% du PIB.

L’endettement va atteindre les 85% du PIB dont 61% du PIB d’endettement extérieur. Pire encore, le secteur informel de l’économie s’est développé et représente désormais environ la moitié du PIB avec toutes les distorsions que cela implique. Les salaires de l’État absorbent plus de 50% du budget ou 15% du PIB tandis que le budget d’investissement, clé de la croissance, est un maigre 10% et il n’y a pas de volonté de réformer un système fiscal manifestement injuste qui encourage les classes professionnelles à éviter l’impôt.

Les jeunes désespèrent et les nouveaux entrepreneurs qui veulent créer une entreprise se trouvent en face de fonctionnaires indifférents et arrogants, une chasse au papier de la réglementation administrative et aucune ligne de crédit des banques. Dix gouvernements en autant d’années et les deux derniers premiers ministres se sont révélés incapables d’élaborer un plan de réforme économique audacieux.

Aujourd’hui, ceux qui mettent en danger l’avenir de la jeune expérience démocratique tunisienne ne se trouvent pas dans les rues des pauvres villes de l’arrière-pays de Tataouine ou de Sidi Bouzid. Ils vivent dans les banlieues confortables de la Tunisie. S’ils n’arrêtent pas de manigancer, une répétition bien plus violente de 2011 est prévisible.

Amine BEN GAMRA. Expert Comptable. Commissaire Aux Comptes. Membre de l’Ordre des Experts Comptable de Tunisie.

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