Société

Par Henda Haouala : La Watania 1, pour quand la restructuration ?

Par Henda Haouala : La Watania 1, pour quand la restructuration ?

Depuis 2011, la chaîne télévisuelle nationale El watania 1 a vu défiler plus de dix directeurs généraux. Les noms se suivent mais la chaîne ne change pas. Pourquoi ?
Depuis 2007, pratiquement le même modèle audiovisuel créé par le président déchu Ben Ali soumis à ses desiderata s’étale et est reproduit  jusqu’à aujourd’hui avec un souffle de liberté de la parole datant de 2011.
En effet, ce modèle manque terriblement de sensibilité et de cohérence aussi bien sur le plan esthétique que narratif et n’est pas du tout en phase avec un standard télévisuel international. La chaîne nationale souffre encore d’une rigidité héréditaire dans la mise en forme de ses produits audiovisuels qui affecte implicitement sa crédibilité  ainsi que le processus d’identification du téléspectateur.  Seul le journal télévisé de la Watania 1 et le Dimanche Sport jouissent d’un intérêt administratif et d’une légitimité audiovisuelle, d’ailleurs, ce n’est pas pour rien qu’ils sont considérés comme étant les deux produits exclusifs pour la chaîne nationale. Une exclusivité qui reste évidemment relative et sûrement à revoir.
Quant aux autres émissions, c’est la croix et la bannière. L’absence quasi-totale d’une structure narrative et d’une conception audio-visuelle  propre à la chaîne nationale, en tant qu’entité médiatique,  empêche toute  identité cohérente et homogène.  Cette absence fait  de ces émissions des produits orphelins. Il suffit de remarquer certaines émissions qui reprennent pratiquement le même décor en basculant de la politique au divertissement prenant uniquement la peine de changer quelques ampoules d’éclairage.
D’autres émissions qui se font à l’extérieur de l’établissement (en dehors des studios) ne semblent pas se soucier non plus de cette logique narrative et esthétique qui définit la forme (ce que le spectateur voit) et le fond (le contenu de l’émission), ce qui nous renvoie au chapitre de la production de la télé nationale.
A se demander d’ailleurs s’il y a une sorte de consensus implicite au sein de l’établissement responsable de cet éclatement flagrant et toute cette frustration au niveau de la production qui atteint son apogée le mois de ramadan de chaque année. Ce moment crucial pour la télé nationale tunisienne où elle se doit de « redorer son image »… Elle n’y arrive pas toujours: ces dernières années, beaucoup de bavures ont été commises  dans la programmation et dans le choix de certaines productions qui restent à mon avis impardonnables et incompréhensibles. 

Sinon, nous sommes pratiquement à la fin du mois de Janvier et nous pouvons noter l’absence de deux émissions culturelles: Joumhouriet el Thakafa et 42. Cette dernière semble être annulée pour cette saison.  Quant à la Joumhouria, on ne sait pas ce qu’il en advient, ni pour quand est la reprise.
Ce manque de considération est étonnant vis-à-vis de la production d’émissions culturelles auxquelles la télé nationale accorde un intérêt infime.

Aujourd’hui, il me semble que la télé nationale a raté elle aussi sa transformation. Elle reste indéfinie et confuse dans son orientation et par conséquent dans sa programmation et ses productions. Tant que cette chaine ne réussit pas à s’approprier une véritable identité de forme et de fond par rapport à l’intégralité de sa programmation en ayant conscience qu’il est impératif d’intégrer la culture, tant qu’elle balbutie entre son pouvoir de service étatique et celui de service public,  la transformation n’aura pas lieu.

Henda Haouala

Maitre de conférences en techniques audiovisuelles et cinéma

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