Economie

Pénurie du sucre : Décryptage d’une problématique structurelle

Pénurie du sucre : Décryptage d’une problématique structurelle

Le sucre est considéré comme un produit de base pour les Tunisiens et les industriels de l’agroalimentaire.

Dans le contexte de rareté qui sévit sur le marché depuis des mois, les autorités de tutelle cherchent à sauver l’industrie sucrière.

Le marché tunisien, qui a besoin d’environ 360 mille tonnes de sucre par an, souffre d’un manque important de cette denrée de base pour 2 raisons essentielles : L’impact des prix élevés sur le marché mondial, d’une part et l’incapacité des usines locales à suivre le rythme des besoins des consommateurs, d’autre part. 

Dans ce contexte de déséquilibre entre offre et demande, il y a lieu de noter que le système de production local repose sur trois usines, la plus grande est publique et les deux autres sont privées, dont une unité qui connaît des difficultés financières qui l’ont poussée à fermer.

Un marché qui dépend de la production locale

Le marché tunisien dépend fortement de la production de l’usine publique, qui fournit entre 650 et 700 tonnes par jour pour la consommation des ménages et des industriels.

Toutefois, l’unité industrielle qui a été créée en 1960, est confrontée à des problèmes résultants, en particulier, de l’obsolescence des équipements. Ceci a fait chuter la capacité de production de l’usine publique au cours de l’année en cours à 300 tonnes par jour.

Afin de combler la demande en sucre non satisfaite, les autorités essayent d’y remédier en recourant aux importations en provenance d’Algérie et d’Égypte.

A l’issue de la visite du Chef de l’Etat Kaïs Saïed, le 5 décembre courant à l’unité industrielle de la Société Tunisienne du Sucre à Béja, la présidence de la République a annoncé dans un communiqué publié sur sa page officielle « La nécessité de prendre des mesures urgentes pour sauver l’entreprise ».

L’injection de fonds au niveau de la société rééquilibrera certainement le marché. En effet, une fois maintenue, la capacité de production de l’usine permettra de couvrir les besoins des consommateurs et d’éviter l’évaporation d’importantes ressources en devises dans les importations.

Cependant, le succès de l’opération de sauvetage nécessite des fonds importants pour rénover l’usine sachant que les dernières grandes opérations de sa maintenance remontent à 1993.

Selon les estimations, le coût de la rénovation des équipements de l’unité pourrait atteindre 50 millions de dinars et 70 millions de dinars dans le cas de sa restructuration globale, compte tenu de ses dettes élevés.  

Les investissements nécessaires au sauvetage de l’industrie sucrière locale permettront quasi-immédiatement l’augmentation des capacités d’exploitation et la réduction du coût des importations.

Il est à noter que cette industrie repose sur la production à partir de la betterave à sucre à raison de 15.000 tonnes par an, tandis que l’unité de production publique raffine entre 150 et 180 mille tonnes de sucre brut, représentant 45% de la production locale.

Effet d’entrainement de l’industrie

L’industrie sucrière est liée à de nombreuses activités économiques qui créent des milliers d’emplois dans les secteurs de l’industrie et des services.

Son essoufflement affecte la situation sociale particulièrement dans les gouvernorats où se concentrent les unités de production.

La baisse du potentiel de l’industrie sucrière locale a provoqué une hausse des importations au cours des dix premiers mois de cette année.

Selon les chiffres officiels, cette hausse a été de 48% au niveau des quantités et de 67% en valeur à 728 millions de dinars, contre 436 millions de dinars en 2022 et 204 millions de dinars en 2021.

La forte augmentation des dépenses d’approvisionnement en sucre s’explique par la forte hausse des prix sur le marché international, qui ont atteint environ 700 dollars la tonne au marché de Londres, ce qui a alourdi la facture des importations.

Il est à noter que la consommation quotidienne de sucre des Tunisiens est 1 000 Tonnes, dont la moitié est orientée aux industriels et l’autre est destinée aux ménages.

En novembre dernier, les autorités ont décrété une augmentation du prix du sucre destiné aux industriels à 2,9 dinars le kilogramme.

L’Etat a maintenu la subvention du sucre destiné à la consommation des ménages qui s’approvisionnent en sucre à 1,3 dinars le kilo en vrac. Quant au sucre emballé dans un sachet d’un kg, il est proposé au public à 1,520 dinars.

Le sucre en morceaux et le sucre en bûchettes ont vu leurs prix augmenter respectivement à 4,3 dinars et 4,7 dinars par kilogramme.

Les Tunisiens sont classés comme de grands consommateurs de sucre et ce, en se référant aux moyennes mondiales de consommation, avec environ 15 kilogrammes par an et par personne.

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