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Quand Jawher Ben Mbarek et Compagnie oeuvrent pour la réélection de Kais Saied

Quand Jawher Ben Mbarek et Compagnie oeuvrent pour la réélection de Kais Saied

Notre dernier baromètre politique le démontre clairement : le chef de l’Etat, Kais Saied, perd du terrain. D’ici on a vu monter, monter la grogne sociale aux quatre coins du pays. Le président de la République devait forcément y laisser des plumes. Finalement dans ce pays il n’y a que l’UGTT qui est contente, elle qui arrive toujours à arracher des concessions même en temps de disette financière. A part la centrale syndicale tout le monde, ou presque, râle, attend quelque chose qui ne vient pas ou tarde à venir, etc. En politique il n’y a rien qui fond plus vite que la popularité. Elle enfle très vite à mesure que les promesses et engagements électoraux gonflent ; elle fond aussi vite comme neige au soleil quand la parole donnée n’est pas tenue. Cela n’a pas loupé pour le locataire du palais de Carthage. Mais il y a une bonne nouvelle pour lui, une vraie providence par les temps qui courent : Jawher Ben Mbarek et compagnie se débrouillent très bien pour offrir à Kais Saied une rampe de lancement pour les prochains rendez-vous électoraux…

Le coup du 25 juillet vient de loin, très loin

Le moins qu’on puisse dire est que l’annonce des mesures retentissantes du 25 juillet 2021 ont surpris, désarçonné, sonné tous ces Messieurs/Dames qui nous dirigeaient. Ils devaient certainement siroter leurs cafés quand Kais Saied a frappé. Stupeur et tremblements dans tous les salons de thé du pays. Ce que Jawher Ben Mbarek et tous ceux qui s’agitent autour de lui feignent d’oublier c’est que si la grosse claque du président de la République a fait mouche c’est qu’on était arrivé à un désabusement généralisé, avec des Tunisiens horrifiés par les débordements de leur personnel politique, notamment nos “chers” – dans le sens coût financier – députés. Tout cela s’est mué en détestation de toute la classe politique, et finalement sa disqualification.

Ce que Ben Mbarek fait mine d’ignorer, c’est que même si Kais Saied permettait aux élus de regagner leur paradis perdu – l’ARP -, les citoyens dans leur grande majorité se dresseraient contre. Une opposition qui pourrait dégénérer en quelque chose de grave et mortifère pour la jeune démocratie. Les artisans de “Citoyens contre le coup d’Etat” n’ont pas vu ou voulu voir que leur mouvement a une faiblesse congénitale : Ses leaders ne sont pas populaires. Ils ne passent pas auprès des citoyens-électeurs. Ce sont de vrais repoussoirs, de parfaits épouvantails. Et ils le savent si bien qu’ils ont tenté de coopter l’ancien leader de l’UGTT, Houssine Abbassi, qui lui pour le coup aurait eu plus d’écho auprès de l’opinion publique. Mais voilà : le mercato du mouvement “Citoyens contre le coup d’Etat” a fait pschitt, pour leur plus grand malheur.

Personne, à part peut-être ses très proches, ne pouvait se douter qu’un personnage aux accents autocrates se cachait derrière l’austère professeur de droit constitutionnel qui arpentait les plateaux de télévision pour apporter ses lumières. Le fait est que Kais Saied a vite appris, son appétit grandissant pour le pouvoir a fait le reste. Ceux qui le sous-estimaient, le qualifiaient “d’autiste en politique“, “d’amateur” et autres noms d’oiseau ont eu tort, et l’apprennent maintenant à leurs dépens, Ennahdha notamment. Ne pas se méfier d’un adversaire est la meilleure façon de perdre face à lui. Il ne faut jamais sous-estimer un adversaire politique. C’est exactement ce qui est arrivé à Rached Ghannouchi et la cohorte de responsables politiques dont Kaïs Saïd a eu la tête.

La partie n’est pas gagnée pour le poulain de Nadia Akacha

Reste maintenant à savoir si le chef de l’Etat a les épaules pour porter la montagne des problèmes du pays. Reste à savoir si le costume qu’il a endossé depuis le fameux 25 juillet n’est pas trop grand pour lui. Il faudra plus d’une Nadia Akacha pour sortir le chef de l’Etat, et la Tunisie toute entière, de l’oeil du cyclone. Le souci c’est qu’on ne voit pas grand monde autour de lui. Où sont les hommes et les femmes du président de la République ? Le peu de conseillers qui ont tenté d’exister face à lui, en faisant simplement leur boulot, ont été vite démolis par le courroux du tout-puissant locataire du palais de Carthage. Aucune tête ne dépasse. Pas même celle de la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, qui n’a même pas la main sur la nomination de ses propres conseillers. Que dire du reste…

Il faut du monde, du beau monde, pour piloter un pays, surtout dans ces circonstances difficiles. Le moins qu’on puisse dire est que le président de la République ne brille pas par son esprit d’équipe. Et ça c’est une erreur fatale pour un chef d’Etat. Le ‘roi soleil’, Louis XIV, a fait briller son pays, la France, aux quatre coins du globe. Aurait-il réussi sans une de ses pièces maîtresses, Jean-Baptiste Colbert ? Rien n’est moins sûr. Plus proche de nous encore : le général De Gaulle aurait-il amené la France là où il l’a amenée sans le travail colossal abattu par son Premier ministre Georges Pompidou ? Sans doute non. Encore plus récent : François Mitterrand aurait-il eu le même bilan sans le génie de Michel Rocard et son gouvernement ? On pourrait pu prendre une pléthore d’autres exemples dans la planète entière…

Tout cela pour dire que rien de grand dans ce bas monde ne se fait tout seul. Il est temps que le président de la République le comprenne, avant que le sort de la Tunisie ne soit scellé. Il est temps qu’il écoute les personnes avisées avant que le ciel nous tombe sur la tête.

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