Même si par miracle la Russie survit au coup de folie de son maître Vladimir Poutine en Ukraine elle ne survivra pas aux maux qui la rongent de l’intérieur. On avait compris depuis longtemps qu’on avait affaire à tout sauf à un Etat normalement constitué, mais là avec la rébellion de Wagner et la panique qu’elle a semée jusqu’au sommet de la République on touche les limites du système. Et qu’est devenu dans tout ça l’homme qui a ébranlé la forteresse Poutine et dit ouvertement que la capitale avait un sérieux problème de défense ? Aux dernières nouvelles Evguéni Prigojine n’a pas été exilé en Biélorussie, comme l’avait claironné Moscou, mais serait bel et bien en Russie.
Prigojine “l’immortel”…
C’est le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, qui l’a dit publiquement ce jeudi 6 juin. Reste à savoir s’il a fait cette sortie avec l’aval de son mentor, Poutine, pour je ne sais quel dessein machiavélique ou si c’est un simple exercice de vérité. Toujours est-il que Loukachenko a affirmé qu’il sait “de façon certaine” que Prigojine “est en liberté” et qu’il a même parlé avec lui au téléphone “hier” [mercredi]…
Et même mieux – ou pire, c’est selon : le patron des mercenaires de Wagner lui aurait dit qu’il allait continuer d’oeuvrer pour la Russie, comme si de rien n’était, comme s’il n’y avait pas eu la mutinerie du 24 juin qui a fait trembler les murs du Kremlin. Prigojine qui vaque tranquillement à ses occupations, ce n’est pas ce qu’avait dit la contre-attaque vantée par le président russe pour montrer qu’il garde encore la main.
“Que va-t-il se passer ensuite avec lui [Prigojine] ? Vous pensez que Poutine est rancunier et va le buter demain ? Non, ça n’aura pas lieu“, a asséné Loukachenko. Même les paramilitaires de Wagner n’ont pas pris la direction de la Biélorussie, comme le stipule l’accord conclu avec Moscou, il sont encore “dans leurs camps“, “pour le moment“, toujours selon le président biélorusse…
Même les soutiens les plus zélés de Poutine, nombreux en Afrique, sont gênés par cette farce de très mauvais goût qui discrédite complètement l’Etat russe et son chef. D’ailleurs les fans du maître du Kremlin commentent avec très peu d’enthousiasme cette affaire, conscients du fait que ça écorne le mythe Poutine et démontre à quel point l’anormalité a été érigée en système en Russie.
Les horreurs en Ukraine et en Afrique ça paye bien
Pour en rajouter encore plus à cette sinistre affaire de nombreux médias russes, publics et privés, ont diffusé hier mercredi 5 juillet le film de la perquisition de la maison de Prigojine, à Saint-Pétersbourg, suite au coup de force avorté de juin dernier. Les Russes ont pu découvrir à quel point le chef de Wagner s’en est mis plein les poches en exécutant la basse besogne du Kremlin.
Les télévisions ont montré l’immense et luxueuse villa du mercenaire le plus célèbre de la planète, avec un hélicoptère en évidence dans le jardin. Des billets de dollar et rouble à gogo, des lingots d’or, des armes en masse, une pléthore de passeports avec des noms différents, une armoire bourrée de perruques…
Bref, l’ancien “cuisinier” du Kremlin ne se refuse rien. De toute évidence la guerre ça paye bien, de l’aveu même de Poutine presque 1 milliard d’euros ont été versés aux sanguinaires de Wagner pour faire les horreurs qu’ils ont faites en Ukraine et que la pseudo rébellion du 24 juin contre Moscou n’a pas effacées. Prigojine et les siens devront s’en expliquer, devant les tribunaux internationaux.
La fortune qu’il a amassée vient aussi de ses sombres activités en Afrique – Mali, Burkina Faso, Libye, Centrafrique et Soudan surtout. Là aussi les Américains ont promis de frapper pour tarir la source de ce business. Conclusion : Si Poutine ne peut pas ou ne veut pas s’occuper de ses mercenaires, au motif qu’ils lui rendent bien des services, les USA eux le feront et ils ne feront pas dans le détail…
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