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Sénégal : Le favori à la présidentielle annonce la fin du Franc CFA, le même air funeste que Kémi Séba, le Mali, le Niger…

Sénégal : Le favori à la présidentielle annonce la fin du Franc CFA, le même air funeste que Kémi Séba, le Mali, le Niger…

Voilà, la messe est dite. Par deux fois le chef de l’Etat, Macky Sall, a été sèchement recadré par le Conseil Constitutionnel. Il ne pourra pas aller jusqu’en décembre 2024 pour organiser l’élection et façonner à sa guise sa succession, tout en s’aménageant une voie royale vers l’amnistie générale et l’impunité après les crimes de sang qui ont émaillé la répression de ses opposants. Macky Sall ne pourra même pas organiser la présidentielle le 2 juin prochain, après l’expiration de son mandat – le  2 avril. Donc ce sera ce 24 mars. Tout ça est précipité, trop, par la faute du président sortant qui a trop lambiné et louvoyé autour de son droit à briguer un 3e mandat alors qu’il avait dit le contraire, à plusieurs reprises. Dans ce chaos ambiant émerge un nom : Bassirou Diomaye Faye, 44 ans. A en croire les bruits persistants émis à Dakar et ailleurs c’est le favori à la prochaine présidentielle. Mais attention, le programme de l’homme détonne…

Il détonne comme ce que proposerait mot pour mot son mentor et leader, le bouillant Ousmane Sonko, incarcéré actuellement pour de sombres histoires de mœurs et de diffamation, fabriquées de toutes pièces par le régime de Sall disent les pro-Sonko. Bon, Sonko ne pourra pas y aller, il n’en aura pas le temps, donc ce sera Diomaye Faye. Lui aussi est en prison, en détention provisoire, ce qui n’a pas empêché le Conseil Constitutionnel de valider sa candidature par les 19 retenues. Selon toute vraisemblance Sonko et son lieutenant seront libérés dans les prochaines heures au nom de cette amnistie qui absoudra aussi les péchés du président – enfin, ça c’est ce qu’il croit -, en attendant place au Programme de la coalition ‘Diomaye Président’, dévoilé hier samedi 9 mars dans un somptueux hôtel de la capitale, Dakar :

  1. Introduction d’une politique macroéconomique robuste, basée sur l’exploitation des ressources naturelles du pays, notamment les métaux précieux, les minéraux industriels et les matériaux de construction, pour soutenir une monnaie nationale forte.
  2. Séparation des banques d’affaires des banques de dépôt, avec la création de banques nationales dédiées au financement du développement économique dans des secteurs clés.
  3. Mise en place de moyens techniques de création monétairepermettant un refinancement au taux de zéro pour cent auprès de la Banque centrale, ou au moins au taux directeur.
  4. Démonétisation temporaire de l’or, interdisant son importation et sa vente, réservées exclusivement à l’État pour consolider un stock de réserves d’or.
  5. Reprofilage de la dette publique et annulation de la dette privée, avec des conditions posées par l’État pour le bénéfice des mesures de soutien.
  6. Réduction du déficit commercialen visant l’autosuffisance alimentaire pour améliorer la balance commerciale.
  7. Gestion des avoirs extérieurs et négociation des comptes d’avances, permettant à l’État de contrôler ses ressources financières.
  8. Établissement d’un système d’assurance des dépôts pour protéger les épargnes en cas de faillite bancaire.
  9. Création d’un régulateur pour le marché boursier, nécessaire avec l’introduction d’une monnaie nationale.
  10. Orientation des finances du Trésor vers les grands travaux, en réactivant sa fonction bancaire pour le financement des projets d’État.
  11. Fondation d’une banque centrale à indépendance limitée, concentrée sur des missions à l’exclusion de la politique monétaire, pour prévenir la contrefaçon et ajuster le budget du processus de réforme.
  12. Adoption d’une monnaie flottante et semi-convertible, évitant l’arrimage à une parité fixe et protégeant la monnaie contre des attaques malveillantes tout en limitant sa convertibilité pour sécuriser les ressources nationales.

Ce qu’on a surtout retenu – la France aussi n’en a pas loupé une miette – c’est la sortie du vieux Franc CFA pour migrer vers une monnaie nationale, exactement comme le théorisent les «amis» de Sonko-Diomaye Faye au Mali, au Niger, au Burkina Faso ou encore l’activiste Kémi Séba, qui pourrait être déchu prochainement de sa nationalité française. Le projet de Sonko et compagnie ne donne aucune indication sur quand et comment le Sénégal sortira de la zone Franc CFA et de fait de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA). Alors que dans le même temps l’Union travaille sur une autre monnaie régionale pour remplacer le Franc CFA, mais ça ne se fera pas dans la précipitation. La coalition ‘Diomaye Président’ a-t-elle procédé aux études de faisabilité ? A-t-elle anticipé la déstabilisation profonde de l’économie nationale et régionale que provoquerait une réforme de cette ampleur ? A ce stade il y a plus de questions que de réponses, et elles sont toutes terrifiantes.

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