Certains appellent ça une succession dynastique, comme ce que le Gabon a connu jusqu’au coup d’Etat du 30 août 2023, vu que les Eyadéma règnent aussi au Togo depuis des décennies, sans interruption : le papa, Étienne Eyadéma Gnassingbé (un militaire), de 1967 – après deux coups d’Etat – à son décès en 2005 et depuis c’est le fils, Faure Gnassingbé, 57 ans, qui préside aux destinées de ce pays d’à peine 8,1 millions d’habitants. Mais d’autres préfèrent se focaliser sur la partie pleine du verre : des décennies de stabilité qui ont permis aux Togolais d’éviter les tourments – du moins jusqu’ici – de l’épidémie des putschs ouest-africains et du péril djihadiste. En tout cas c’est le pari qu’ont fait les investisseurs étrangers et le FMI…
Le rayonnement de la diplomatie économique s’explique
Colonisé par l’Allemagne à partir de 1884 ce territoire est fractionné en deux morceaux durant la première mondiale, l’un est placé sous protectorat britannique et l’autre est administré par la France. Ce dernier deviendra le Togo plus tard (l’autre sera nommé Ghana), avec une indépendance effective en 1960. De ce passé bigarré le pays garde une pluralité de partenaires à l’échelle de la planète, ce qui explique aussi le rayonnement de la diplomatie économique togolaise.
Le pays a fait beaucoup avec peu : 56 600 km2 (parmi les plus petites superficies des Etats africains), 550 km d’envergure (du nord au sud) et une largeur qui ne dépasse pas 150 km. Ce qui n’empêche pas ce petit territoire d’avoir des paysages variés et pas moins de 5 zones bioclimatiques, faisant de cette région une terre idéale pour les cultures vivrières : Le cacao, le café et le coton, qui tirent vers le haut la croissance économique. Les prouesses agricoles sont telles que le Togo est devenu le premier exportateur de soja biologique vers l’Union européenne, devançant l’Ukraine et l’Inde.
Des minerais que les grands de ce monde convoitent
D’après le rapport sur les «Perspectives économiques pour le Togo» publié en octobre 2023 par la Banque mondiale la croissance devrait demeurer autour de 5,2% en 2023 et 2024, avant d’accélérer pour se hisser à 5,8% en 2025, remorquée par une montée de la demande extérieure et des conditions idéales pour l’investissement privé et l’agriculture. Mais il n’y a pas que ces facteurs, il y aussi l’extraction minière, un secteur clé de l’industrie du pays. Le Togo est l’un des plus gros producteurs mondiaux de phosphate et de pierre calcaire.
Il y a aussi le poids des autres minerais dans l’économie nationale, avec des gisements parmi les plus importants en Afrique. Ici on parle d’or et de diamant surtout. Et il y a tout le reste, tous ces filons inexploités, tous ces gisements bien cachés sous terre : minerai de fer, gypse, bauxite, manganèse, zinc, rutile, marbre et bien d’autres métaux rares dont personne ne connait le volume. Mais ce qui est certain c’est que le gros potentiel largement sous-exploité a de quoi faire de ce petit Etat d’Afrique de l’Ouest un pays richissime.
Le pays gagne beaucoup de batailles cruciales
En attendant cet avenir radieux que lui promet ce sous-sol gorgé de merveilles que convoitent les grandes puissances économiques le chef de l’exécutif togolais fait face aux enjeux et combats du moment pour soulager les populations. Jusqu’il y a peu plus de la moitié de l’énergie consommée par les Togolais était achetée au Nigéria et au Ghana. Le président a décrété la fin de cette déperdition de devises en misant sur le solaire. En 2021 le chef de l’Etat a inauguré à Blitta, à 267 km au nord de la capitale Lomé, une centrale photovoltaïque de 50 mégawatts, la plus grande en Afrique de l’Ouest (l’équivalant de 143 terrains de football).
Durant au moins 25 ans cette unité montée par une filiale togolaise d’AMEA Power, un géant mondial des Emirats arabes unis, produira près de 90 255 MWh d’énergie par an. D’autres méga chantiers sont sur les rails. “S’inscrivant dans notre ambition de faciliter un accès universel à l’électricité et de desservir tous les ménages togolais en énergie propre et renouvelable, cette centrale va desservir 158 333 ménages togolais et permettra d’économiser plus d’un million de tonnes d’émissions de CO2 tout au long de sa durée de vie“…
C’est cela l’avenir des Togolais, leur horizon et leurs immenses ressources naturelles disséminées dans ce petit territoire le permettent. Le pays a déjà gagné beaucoup de batailles, il gagnera aussi celui du développement et de la prospérité partagée si les vents politiques et sécuritaires continuent de lui être favorables, de le porter.
Article extrait de TN Le Mag – Numéro de Janvier 2024, disponible en libre téléchargement (ICI)
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