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Tunisie –  Abdellatif Makki : Le demi-dieu qui ne souffre pas d’être critiqué

Tunisie –  Abdellatif Makki : Le demi-dieu qui ne souffre pas d’être critiqué

Il est vrai qu’il travaille d’arrache pied, depuis sa prise de fonction. C’est aussi vrai qu’il est en train de tout tenter, avec son équipe, pour mettre en œuvre une stratégie assez lourde, pour lutter contre une pandémie mondiale… Mais de là à s’ériger en demi-dieu, ou à se faire ériger par les siens, en tant que tel, il y aura peu de chances que çà puisse passer. Surtout quand ceux qui veulent le dépeindre en faiseur de miracles ou en chef d’Etat major de l’armée ont derrière la tête d’autres motivations que la santé ou la vie des tunisiens.

Il n’est de secret pour personne, du moins, parmi les observateurs avertis, que la course à la succession au trône d’Ennahdha est ouverte depuis un certain moment. Et ce, malgré les réticences et les atermoiements du Cheikh Rached Ghannouchi, qui ne semble pas pressé de passer le flambeau. De ce fait, l’émergence d’un nouveau chef prodige qui a une image forte, et qui pourrait même attirer de nouveaux sympathisants pour le parti islamiste, a tout pour être une bonne idée.

Or là, on est en train de gérer la santé, voire même la vie des tunisiens. Il est mal placé que l’on s’engage dans un processus politique ou partisan, sur le compte de la vie de toute une nation.

Pour revenir aux faits, monsieur le ministre de la Santé n’a pas pu cacher, lors de son point de presse de ce mercredi après midi, son agacement vis à vis des remarques et des critiques de certains médias. Il a même accusé les médias qui ont osé le lèse-majesté de faire des remarques en rapport sa gestion de la crise, de vouloir pécher dans les eaux troubles et de vouloir discréditer le travail de tout un peuple. Car, a-t-il ajouté, ce qui a été effectué est le fruit de la participation de tous, à la lutte contre ce fléau.

Le ministre a eu cette réaction, pour le moins, violente, à cause de la remarque faite par des journalistes concernant certains malades qui sont décédés chez eux, sans avoir été pris en charge par les services sanitaires. Il a démenti cette affaire, mais, en même temps, affirmé que sur les 12 décès enregistrés en Tunisie, 8 ont eu lieu à l’hôpital. Ce qui veut dire que pour notre ministre de la Santé, le décès de quatre citoyens, ce qui représente, soit dit au passage, le tiers des décès comptabilisés, est insignifiant.

Eh bien, non, votre excellence ! Quatre décès ce sont quatre échecs pour votre équipe. Quand un tunisien meurt de coronavirus en pleine rue, c’est aussi un énorme problème et il ne s’agit pas de faire endosser la responsabilité des décès de malades chez eux, aux membres de leurs familles, comme quoi, ils ne les ont pas emmenés à l’hôpital. Car il ne faut pas oublier que les consignes étaient claires : il faut rester chez soi et attendre le SAMU.

Il ne faut pas surtout pas avoir peur des remarques ou des critiques, car nul n’est parfait et nul n’est censé ne pas se tromper. Quand on traite de la santé et de la vie de tout un peuple, il ne faut pas espérer naviguer à sa guise et faire ce qu’on veut, tout en refusant toute remarque. Car chaque citoyen a le droit de demander des comptes quand il s’agit de sa vie ou de celles de ses enfants. Les médias sont là, pour transmettre les appréhensions des citoyens.

Par ailleurs, il n’y a aucun mal à s’auto-évaluer et s’auto-critiquer, si on veut avancer ; nul ne saurait prétendre être au dessus des critiques, car le temps des demi-dieux est révolu depuis la Grèce antique !

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