André PRIGENT, Président-Directeur Général de THALION, marque cosmétique marine française présente en Tunisie, se trouvait à Monastir au Royal Elyssa Thalasso & Spa.
Nous en avons profité pour organiser avec lui une interview afin de parler thalassothérapie, santé et avenir.
Q1: Monsieur PRIGENT, vous séjournez actuellement en Tunisie. Vous êtes le Président Directeur Général de THALION, une marque cosmétique française, je dirais bretonne. Pouvez-vous nous en dire plus rapidement sur l’histoire de votre marque ?
André Prigent : Merci tout d’abord pour cette interview et bravo à votre support dont on m’a vanté les mérites et le succès. En fait, THALION qui est né dans l’extrémité ouest de la Bretagne, dans le Finistère, en face de la mer d’Iroise, est une histoire de famille, car tout commença avec mon père qui possédait une société de récolte et de transformation industrielle d’algues marines. En 1994, nous changions la vocation de la société et nous nous sommes mis, non seulement à récolter et transformer ces algues comme le faisait mon père, mais aussi à en extraire tous leurs nombreux bienfaits pour les faire rayonner à l’intérieur de nos formules de produits cosmétiques. Nous sommes maintenant présents dans plus de 50 pays et nous employons une équipe de 80 personnes, très motivées et passionnées par leur métier.
Q2 : En Tunisie, nous avons malheureusement pris l’habitude d’utiliser le mot thalassothérapie un peu n’importe comment et des centres, situés en plein centre-ville, n’hésitent pas à s’appeler centre de thalassothérapie. Pouvez-vous nous repréciser la définition exacte de la thalassothérapie ?
André Prigent : La thalassothérapie, du grec thalassa therapeia, signifie cure de mer, étymologiquement. En fait, elle peut se définir comme étant l’utilisation combinée, sous surveillance médicale, dans un but préventif et curatif, des bienfaits du milieu marin, qui englobent la mer et les végétaux marins, les algues. Le premier centre de thalassothérapie est né à quelques kilomètres de l’endroit où se trouvent nos laboratoires, à Roscoff, à la fin du XIXème siècle. Un centre de thalassothérapie n’a rien à voir avec un spa ou un établissement de soins esthétiques, fussent-ils marins. Dans un centre de thalassothérapie qui se trouve toujours au bord de la mer, l’eau de mer est pompée au large du centre, filtrée et restituée instantanément, selon des normes microbiologiques draconiennes, dans tous les soins marins que sont les enveloppements, les douches à affusion, les baignoires, les douches à jets, etc.
Q3 : Expliquez-nous comment la thalassothérapie peut nous aider à préserver notre santé et à nous donner du bien-être
André Prigent : La thalassothérapie, je le disais précédemment, combine les vertus de la mer, du bord de mer et des végétaux marins qui contribuent à la santé et au bien-être de l’individu. C’est un fabuleux outil de prévention qui met en œuvre l’eau de mer. Vous le savez sans doute, le corps humain est composé à 70% d’eau et pas n’importe laquelle, une eau dont la minéralité est similaire à celle de notre plasma sanguin. Une cure de thalassothérapie va nous permettre un fructueux échange intra et extra cellulaire et ainsi, d’absorber de manière sélective les oligo-éléments contenus dans l’eau de mer. Notre corps, suprêmement intelligent, ne consommera que selon ses besoins. L’eau de mer, riche en sodium et en magnésium, sera sublimée par les richesses en potassium et calcium des algues ; et cette complémentarité ne sera que bénéfique pour l’être humain. Un autre point essentiel : dans l’eau de mer, notre corps est allégé et ceci a une importance essentielle dans le cadre de la rééducation et pour soulager les articulations. Faire une ou deux cures de thalassothérapie par an permet de traverser de meilleure façon les mois d’hiver et de donner à son corps vitalité et énergie pour renforcer ses défenses naturelles.
Q4 : La marque THALION est présente au Royal Elyssa Thalasso depuis sa création en 2010. Pourquoi avoir choisi ce lieu mythique de la thalasso pour votre marque ? Selon vous, qu’est-ce que le Royal Elyssa peut offrir de plus par rapport à d’autres centres de thalassothérapie ?
André Prigent: En fait, je pourrais parler d’un énorme coup de foudre entre la marque Thalion, moi-même et les propriétaires du Royal Elyssa, Slim et Faten Zghal. Ce couple, et on ne le dit pas assez souvent, fut un véritable incubateur dans le monde de la thalassothérapie en Tunisie et le centre qu’ils ouvraient en 2010, s’est révélé avant-gardiste par rapport à l’existant. Comment ? Leur vision dépassait ce qui se pratiquait et leur questionnement était simple : comment puis je faire pour donner plus à mon client ? Non seulement, avec nous, ils mettaient en place des formations internes techniques très performantes pour l’acquisition d’un savoir-faire encore présent, ils offraient une carte de soins variée et très riche dans des cabines spécialement étudiées, souvent ouvertes à la mer, mais encore, ils dessinaient un centre moderne qui offrait une circulation performante, une cohérence précise entre soins secs et soins humides, une luminosité qui fait le bonheur des photographes du monde entier venus visiter le Royal Elyssa et une architecture moderne et légère, tellement différente de ce que l’on construisait alors, y compris en France. Ce fut à la fois un bonheur et un honneur pour la marque THALION de s’installer au Royal Elyssa Thalasso & Spa qui représente pour nous un flagship de premier rang dans le bassin méditerranéen. Faire une cure au Royal Elyssa constitue une véritable expérience !
Q5 : THALION, chaque année, présente des nouveautés cosmétiques inédites. Votre Département Recherche et Développement est très actif. Quelles sont les dernières avancées que vous avez faites en ce domaine ? Etes-vous en train de développer des nouvelles technologies de pointe ?
André Prigent : En effet, nous avons la chance d’avoir des équipes convaincues et motivées qui passent leur temps à aller toujours plus loin dans leurs recherches. 12% des effectifs de nos laboratoires sont affectés au département R&D. C’est grâce à eux que nous avançons et que notre marque est reconnue à l’international. Les algues sont d’incroyables végétaux qui sont très loin d’avoir livré tous leurs secrets. Mais nous devons les préserver et c’est ce que nous sommes en train de faire en ne voulant plus les retirer de leur milieu naturel, la mer, mais en
prélevant seulement une cellule reproductrice de l’algue que l’on va faire grandir, inondée de lumière, dans une solution nutritive d’eau de mer et dans un milieu contrôlé. Bien évidemment, ces travaux de recherche prennent du temps et il faudra compter plusieurs années pour arriver à un résultat final performant. Je le dis souvent, la mer est un extraordinaire et fabuleux jardin que nous devons préserver.
Q6 : Lorsqu’on regarde le parcours de la thalassothérapie depuis la fin du XIXème siècle, on constate l’engouement intense qu’elle provoque depuis plusieurs générations. Selon vous, est-ce que cette évolution va continuer et quelle nouvelles directions peut-elle prendre ?
André Prigent : Au tout début, la thalassothérapie avait une vocation purement médicale. Maintenant, et de plus en plus, la thalassothérapie continue à assurer sa mission de soins et de prévention, bien évidemment, mais elle s’inscrit également dans une logique de bien-être et de relaxation. La vie moderne est mille fois plus trépidante qu’au début du XXème siècle, lorsque la thalassothérapie en était à ses balbutiements. Aujourd’hui, à cause de ce stress et de cette vie à cent à l’heure, nous et nos corps avons besoin de faire des pauses plus fréquemment, de nous reposer et de nous éloigner de notre vie hyperactive. Lorsqu’un curiste choisit un centre de thalassothérapie en 2022, il ne choisit plus sa destination en se basant uniquement sur le centre, car en fait, dans toute sa journée, ses soins quotidiens ne vont pas dépasser deux ou trois heures. Il a maintenant d’autres critères de choix tout aussi prioritaires : l’environnement, la géographie des lieux, les activités à faire hors la thalasso, l’hébergement, la restauration, les amusements… De plus, la dimension classique des soins change, le curiste veut maintenant de la personnalisation et des services spécialement adaptés à ses besoins. Il faut bien dire que la clientèle historique vieillit et qu’elle doit se renouveler par une autre clientèle plus jeune, sans doute plus exigeante et qui a faim de plaisirs différents, avec des objectifs qui leur correspondent dans des temps de vacances de plus en plus fractionnés.
Q7: Le mot de la fin, Monsieur Prigent. Pensez-vous que la thalassothérapie ait encore de beaux jours devant elle, au lendemain de la pandémie du Covid 19 qui continue à rôder autour de nous ?
André Prigent: La Tunisie reste un territoire de première importance pour le développement de la thalassothérapie. Elle offre non seulement des centres de thalassothérapie de premier ordre, mais aussi du personnel qualifié et apprécié des Européens. Proche de l’Europe, très hospitalière, avec beaucoup de soleil et dotée d’une culture et d’un patrimoine particulièrement riches, la Tunisie a toutes les cartes en main pour rester une destination de thalassothérapie de premier choix. Toutefois, lors de ces dernières années, la France a vu une profonde modernisation de ses centres dont certains n’ont pas hésité à investir beaucoup d’argent dans leur refonte. La Tunisie, même si elle offre des atouts que la France n’a pas, doit donc elle aussi fournir des efforts pour optimiser son produit thalassothérapie, inventer des nouveaux protocoles inédits de soins utilisant ses nombreuses ressources naturelles végétales et continuer son travail d’éducation de jeunes Tunisiens en hydrothérapie, en techniques de massages… Je reste persuadé que, grâce à ses acquis, la thalassothérapie a toujours de beaux jours devant elle en Tunisie !
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