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Le Gabon n’est pas le Niger et encore moins le Mali : Le général Nguema serait LE “bon putschiste”, de la lignée de Sankara?

Le Gabon n’est pas le Niger et encore moins le Mali : Le général Nguema serait LE “bon putschiste”, de la lignée de Sankara?

Quand on vous disait que les militaires putschistes déroulent au Gabon. Trois semaines après le coup d’État qui a éjecté le président Ali Bongo Ondimba, après l’élection de trop, pas un bruit dans les rues de la capitale, Libreville et ailleurs. Pas un bruit sauf pour applaudir le geste du général Brice Oligui Nguema, qui a débarrassé les citoyens de la prédation de la dynastie Bongo dont le long règne – presque 42 ans pour le papa et 14 ans pour le fils – a privé le pays du développement qu’il mérite au regard de ses immenses ressources naturelles (pétrole, manganèse, bois, etc.).

Les coups d’Etat, je le martèle, ne sont jamais un signe de bonne santé pour une nation, mais force est de reconnaître que la trajectoire prise par le Gabon n’a rien à voir avec l’agitation qui finira par engloutir le Niger, exactement comme au Mali et au Burkina Faso. Il faut avoir l’honnêteté d’admettre que jusqu’ici le président de la transition fait un sans-faute et que les actes qu’il pose rassurent aussi bien les Gabonais que la communauté internationale. Il avait promis de traquer ceux qui vivent indûment et grassement des biens publics – comprenez le clan Bongo et ses affidés -, il tient parole…

Un des enfants et des proches du cabinet du président déchu ont été mis en examen et emprisonnés, principalement pour de fortes présomptions de “corruption“. Dix figures de l’ancien régime ont été inculpés hier mardi 19 septembre pour “troubles des opérations d’un collège électoral”, “contrefaçon et usage des sceaux de la république”, “falsification et usage d’imprimés officiels d’une institution”, “remise et obtention de sommes indues”, “corruption”, “détournement de deniers publics”, “blanchiment de capitaux”, “usurpation de titres et de fonctions”, a égrainé devant la presse le procureur de Libreville, André-Patrick Roponat.

Sept prévenus sont déjà sont le coup d’un mandat de dépôt. Par ailleurs le procureur a confirmé que Noureddin Bongo Valentin, le fils aîné d’Ali Bongo et Jessye Ella Ekogha, l’ex-porte-parole de la présidence, “ont été mis en examen mardi et placés en détention provisoire“, essentiellement pour “corruption“. Rappelons qu’ils sont derrière les barreaux depuis le coup d’État du 30 août dernier, avec quatre autres jeunes cadres du cabinet de l’ex-président et de sa femme Sylvia Bongo Valentin. Ils étaient aussi accusés de “haute trahison” mais cette lourde charge aurait été abandonnée.

La junte qui a renversé le président Bongo pointait des “détournements massifs” de fonds publics, les perquisitions chez quelques ex-dignitaires du régime, diffusées par la télévision publique, ont levé un petit coin du voile sur l’ampleur du fléau, avec des malles, valises et sacs bourrés de billets de banque. Ces scènes ont provoqué l’émoi au sein de la population dont 40% vivent sous le seuil de pauvreté en dépit des richesses du pays.

L’ex-première dame du Gabon est en résidence surveillée à Libreville, “pour sa protection“, arguent les nouvelles autorités. N’empêche Sylvia et son fils Noureddin sont accusés d’être les “véritables dirigeants du pays” et d’avoir piloté un vaste réseau de corruption. Pire : ils sont soupçonnés d’avoir profité de la maladie du chef de l’Etat – un AVC qui l’a frappé en 2018 – pour faire main basse sur les leviers du pouvoir et les deniers publics.

A noter que le général Nguema a installé une commission pour faire toute la lumière sur la nébuleuse des marchés publics. Le but est de débusquer les “fraudes” massives. Dès qu’il a pris le pouvoir il a exigé des patrons qui prospèrent sur la “surfacturation“, en échange de rétro-commissions au profit des hauts cadres du régime déchu, qu’ils arrêtent ces trafics dans la cession des marchés publics. Il avait clamé ça devant 200 à 300 grands entrepreneurs “convoqués” à la présidence.

Quelques jours après il s’en prenait publiquement à des centaines de hauts fonctionnaires et cadres du secteur public: “Venez de vous-même restituer les fonds détournés sous 48 heures sinon nous viendrons vous chercher et vous verrez la différence“, avait-il asséné.

Par ailleurs rappelons que suite à une plainte d’ONG en 2007 des magistrats anti-corruption français ont ouvert des enquêtes sur des détournements massifs de fonds publics. L’argent aurait été utilisé par le clan Bongo – y compris Omar, le défunt père du chef de l’Etat déchu – pour se constituer un imposant patrimoine en France, surtout dans l’immobilier. Neuf enfants d’Omar Bongo sont mis en examen dans l’Hexagone, principalement pour recel de détournement de fonds publics dans le cadre du gros dossier sur les “biens mal acquis“.

Enfin sachez que le Gabon occupait en 2022 la 136e position sur 180 pays pour la perception de la corruption, un classement établi par Transparency International…

 

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