A la une

Après ce qu’Erdogan vient de faire à ses opposants il n’osera plus plaider pour Ghannouchi

Après ce qu’Erdogan vient de faire à ses opposants il n’osera plus plaider pour Ghannouchi

Aux dizaines de milliers de personnes qui croupissent en prison après avoir été virées de la fonction publique pour des crimes fabriqués de toutes pièces s’ajoutent 110 autres, incarcérées ce mardi 25 avril. Ainsi va la Turquie de Recep Tayyip Erdogan : On coupe toutes les têtes qui dépassent, surtout quand des élections se profilent – le 14 mai prochain. Des élections auxquelles Erdogan n’est absolument pas préparé et pour lesquelles il n’a aucun bilan à présenter, à part une crise économique chronique, une inflation stratosphérique et une facture de 100 milliards de dollars pour reconstruire le pays après deux séismes dévastateurs.

On prend les mêmes recettes et on recommence : Opération «antiterroriste». C’est au nom de cette accusation à laquelle personne n’accorde aucun crédit – même lui n’y croit pas – que le chef de l’Etat turc a encore frappé dans les rangs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Les arrestations ont eu lieu dans 21 provinces du pays, dont celle de Diyarbakir (sud-est), majoritairement peuplée par les Kurdes.

A trois semaines du scrutin présidentiel les intentions d’Erdogan sont limpides : Faire place nette pour qu’aucune ombre ne plane sur la chronique d’une victoire annoncée. Il n’y a qu’en Turquie, qui est pourtant officiellement une démocratie, où on fait des rafles de ce type à quelques encablures d’un rendez-vous électoral clé.

D’après l’association du barreau de Diyarbakir, «le nombre total d’interpellations pourrait atteindre 150»,  et parmi eux au moins «une vingtaine d’avocats, 5 journalistes, 3 acteurs de théâtre et un politicien». Par ailleurs les avocats n’ont pas la possibilité de voir leurs clients pendant vingt-quatre heures, ajoute la même source…

«Les domiciles de nombreuses personnes, dont des journalistes, des avocats et des dirigeants d’ONG, ont été perquisitionnés aux premières heures de la matinée», indique l’ONG de défense des libertés MLSA, rapporte Le Point.

Après deux décennies de règne sans partage la sérénité n’est plus de mise au sein de l’AKP (Parti de la justice et du développement). Il faut dire que cette fois les choses se corsent car l’opposition a réussi à dépasser ses divergences pour afficher un front de 6 partis et surtout un candidat unique, Kemal Kiliçdaroglu, face à Erdogan. Ce dernier a par le passé profité de la dispersion de ses adversaires et s’en amusait même durant ses campagnes électorales. C’est terminé.

A noter que le parti prokurde HDP a rejoint ce front uni contre le pouvoir en place. C’est certainement ce que l’autocrate Erdogan fait payer chèrement aux Kurdes. Des pratiques qui n’honorent pas la Turquie et son président mais ce dernier n’en a cure…

Erdogan avait tenté il y a peu de plaider auprès de son homologue tunisien, Kais Saied, la cause de son compère Rached Ghannouchi, le chef de file des islamistes tunisiens et membre éminent de la Confrérie des Frères musulmans – comme Erdogan. Tout le monde aura remarqué que ce dernier n’a pas dit un mot sur les autres personnalités tunisiennes qui croupissent en prison, donc il n’est pas animé par les idéaux droits-de-l’hommistes, mais uniquement par le sort de son “frère Ghannouchi“… 

De toute façon Saied l’a envoyé balader. Et ce qu’il vient de faire à ses opposants kurdes le disqualifie définitivement pour donner des leçons à la Tunisie.

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut