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Bouden-Président israélien : Elle les a fait taire, même Kais Saied…

Bouden-Président israélien : Elle les a fait taire, même Kais Saied…

Le président de la République, Kais Saied, a conversé hier mercredi 9 novembre avec la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, après sa virée en Egypte pour les besoins de la COP27. Et beaucoup s’attendaient à ce qu’il tempête publiquement en réaction à la causette entre Bouden et le président israélien, Isaac Herzog. Il n’en a rien été. Toute cette agitation n’aura donc été qu’une tempête dans un verre d’eau. Mais cela ne nous exonère pas du devoir d’en tirer quelques enseignements…

1. La position officielle de la Tunisie reste ‘On ne fait pas copain copain avec Israël’. Ce n’est pas un brin de causette à Sharm el-Sheikh qui va y changer quoi que ce soit. Ce qui s’est passé en Egypte est plus de l’ordre de l’étiquette diplomatique ou de la politesse tout court qu’autre chose. Bouden ne pouvait tout même pas tourner le dos à Herzog alors qu’il lui parlait !

Le silence de Kais Saied sur la discussion la plus célèbre de la COP27 signifie donc que cette affaire reste ce qu’elle est, un non-événement par rapport à la posture officielle sur l’Etat hébreu. La diplomatie c’est le président de la République, la voix de la Tunisie c’est lui et tout le reste n’est qu’épiphénomène. Toutefois…

2. Tout le monde a remarqué lors du Sommet des pays arabes en Algérie que le chef de l’Etat tunisien, fidèle à sa posture sur la Palestine, a sonné le rassemblement pour défendre la cause, une constance qu’il partage d’ailleurs avec le maître des lieux, Abdelmajid Tebboune. On a constaté que certes Saied a rappelé les fondamentaux, qu’il est resté inflexible sur le fond – un Etat palestinien digne de ce nom ou rien – mais il a très bien soigné la forme. Il n’y a pas eu d’excès de langage et encore moins une diatribe. L’essentiel a été dit sans que cela offense les amis et soutiens d’Israël, qui sont les mêmes que ceux de la Tunisie…

Donc le mutisme de Saied sur la petite escapade de Bouden pourrait aussi relever de ça : Un ton un peu nouveau pour éviter des débordements qui ne rendent service ni à la cause palestinienne ni à la Tunisie. En effet regardons ce qu’il y a dans le panier. Le retour du pire ennemi des Palestiniens, Benjamin Netanyahu, n’a pas fait tiquer les chancelleries occidentales, bien au contraire les présidents américain et français l’ont chaleureusement salué – c’est ce que disent les communiqués officiels – et ont réaffirmé qu’ils ne transigeraient pas sur la sécurité et les intérêts d’Israël. Pourtant les mêmes – Paris et Washington – sont aussi officiellement les soutiens de la Palestine… et de la Tunisie.

C’est cela la subtilité de la diplomatie des temps modernes. Et la Tunisie, comme tous les autres pays du monde, surtout les plus faibles, doit se frayer son passage dans cette complexité géopolitique. Naviguer dans des eaux troubles, soigner ses intérêts tout en veillant à ne pas être écrasé par le bras de fer entre les puissants, c’est le difficile exercice auquel se livre le président tunisien et il n’est pas le seul. L’avenir nous dira si Kais Saied excelle dans cet art qu’il découvre et qui exige beaucoup de doigté.

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