Economie

Changement climatique, production agricole et macroéconomie : le cas de la Tunisie

Changement climatique, production agricole et macroéconomie : le cas de la Tunisie

Selon une étude élaborée en partenariat entre l’Institut Tunisien de la Compétitivité et des Etudes Quantitatives & l’Agence Française de Développement,  intitulée « Research paper : Climate Change, Loss of Agricultural Output and the Macro-Economy : The Case of Tunisia », la Tunisie subit de plein fouet les changements climatiques.

L’étude est élaborée dans le cadre du projet GEMMES-Tunisie, un nouvel outil de modélisation macroéconomique.

L’agriculture subit les impacts du changement climatique

Avec l’augmentation prévue de la température et la diminution des précipitations, la baisse de production agricole en Tunisie risque de s’aggraver dans les décennies à venir, met en garde l’étude tout en assurant que l’agriculture tunisienne a déjà subi les graves impacts négatifs du changement climatique dans certaines parties du pays.

Au fait, l’élévation du niveau de la mer due au changement climatique a accru l’érosion côtière et la contamination par la salinité des nappes phréatiques côtières. Ces nappes phréatiques côtières sont utilisées par les agriculteurs pour l’irrigation, ce qui a entraîné la salinisation de plusieurs périmètres d’irrigation en Tunisie et leur perte permanente.

Par exemple, l’aquifère de la ville côtière de Diyar Al Hujjaj au Cap-bon a subi une intrusion d’eau de mer. La salinisation de la nappe a poussé de nombreux agriculteurs locaux à abandonner leurs parcelles et leurs puits. De plus, la salinité a réduit la croissance des plantes et la qualité de l’eau, ce qui a engendré une baisse des rendements des cultures et une réduction des réserves d’eau du bétail.

Aggravation de la vulnérabilité des terres

Comme dans les zones côtières, l’étude souligne que la vulnérabilité des terres à l’intérieur du pays, qui est classée comme semi-aride/aride, est aggravée par des conditions climatiques défavorables et des pratiques agricoles non durables. À Tozeur, où se trouve le plus grand système agricole oasien, les cultures de dattes sont menacées, subissant de plein fouet l’impact de la variabilité climatique et de la mauvaise irrigation de surface.

Une grande partie des terres occupées par les petits exploitants se trouvent sur des terres à faible fertilité, où des pratiques agricoles inappropriées ont entraîné l’érosion des sols et la perte de biodiversité.

L’irrigation avec de l’eau fortement salée a entraîné la dégradation voire la stérilisation totale d’une partie importante des sols tunisiens.

En effet, en Tunisie, l’eau d’irrigation est la principale source de salinisation des périmètres irrigués. Le futur changement climatique devrait augmenter le niveau de la mer le long du littoral tunisien de 30 à 50 cm, entraînant une perte de terres arables et une salinisation accélérée des eaux souterraines dans les zones côtières, précise-t-on.

Régression prévue des principales cultures

En outre, la dégradation des sols, l’augmentation des vagues de chaleur et des sécheresses et la diminution des précipitations entraîneront une baisse générale des rendements et des surfaces cultivées, entraînant des pertes de production agricole. Comme prévu, les projections des pertes importantes pour les principales cultures pratiquées en Tunisie.

Parmi les céréales, la production d’orge et de blé tendre en 2050 devrait diminuer respectivement de 0,9% et 0,2% par an, tandis que le blé dur ne devrait augmenter que de 0,1% sur la période 2022-2050 tandis que les principaux produits d’exportation, à savoir les dattes et les olives, seront également gravement touchés par de nouvelles augmentations de la salinité des eaux souterraines dans les aquifères profonds des régions du sud, pour les dattes, et par la perte de précipitations et l’augmentation des températures pour les olives, montrent les données statistiques.

Selon les projections, la production de dattes diminuera de 2% par an jusqu’en 2050, tandis que la production d’olives diminuera de 0,5 %. La production animale (bovins, caprins, ovins) diminuera également à mesure que les pertes alimentaires augmenteront, ce qui entraînera également une baisse de la production laitière d’ici 2050. Le taux de croissance de la production de volaille ralentira à seulement 0,2 %, ce qui sera également le taux de croissance de la production d’œufs.

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