Les coups c’est à droite que le gouvernement les redoutait le plus, réduisant à portion congrue la gauche parlementaire. La majorité a fait tout ce qu’elle pouvait pour amadouer Les Républicains. Le gouvernement n’a pas bronché – ou très peu – quand le Sénat a usiné le projet de Loi sur l’immigration, l’a retourné dans tous les sens, durci, etc. Tout est passé pourvu que passe le texte que mijote depuis juillet 2022 le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Mais le coup de la gauche, enhardie par les députés écologistes, le gouvernement ne l’a pas vu venir. Le texte a explosé en plein vol au Parlement, atomisé par le vote massif de la gauche, rejointe – ô divine surprise – par la droite et l’extrême droite. Et oui, cette droite que cajolait Darmanin a trahi. L’affaire a tellement secoué l’attelage gouvernemental que le ministre a présenté sa démission. Refusée par le chef de l’Etat. Mais à en croire Jérôme Gleizes ce n’est pas la fin des tourments de la majorité.
Dans un entretien exclusif avec “Tunisie Numérique” le Vice-Président du Groupe Les écologistes au Conseil de Paris a évoqué les coups d’après. «La stratégie actuelle par rapport donc à la loi sur l’immigration c’est en fait qu’il n’y ait pas de projet de loi qui sorte de l’Assemblée nationale et du Sénat. Donc c’est pour ça que… Là il faut rentrer un peu dans la technique constitutionnelle française. C’est qu’on peut s’il n’y a pas de majorité on ne peut tirer la loi que du vote. Et dans ce cas là donc on se retrouve sans texte, et donc on reste sur le texte de loi passé», a dit Gleizes.
«Et ce qui pour nous donc est une victoire puisque par rapport à ce que disait M. Darmanin sur le fait qu’il y avait besoin d’outils pour pouvoir expulser encore plus d’étrangers nous on lui a dit que ce n’était pas la bonne stratégie. Il y a déjà tout ce qu’il faut. Déjà nous nous opposons à la loi actuelle, ou plutôt il faut l’améliorer avec un meilleur respect de tous les étrangers qui viennent en France. Lui il voulait durcir encore plus» la loi, a ajouté le Conseiller de Paris du 20e arrondissement.
«Pour le moment on est dans une situation où peut-être qu’il y aura une loi qui sera plus dure mais on n’y pense pas parce qu’un des éléments très importants de cette loi est qu’elle voulait supprimer l’aide médicale d’Etat [AME], c’est-à-dire qui permet à tout étranger en France de pouvoir se faire soigner. Là-dessus on a même eu des gens de droite, notamment M. Stefanini, qui était ancien conseiller à la fois de M. Sarkozy et M. Fillon sur les questions d’immigration qui dit que ça serait donc une aberration, y compris économique et sanitaire si on supprimait l’AME...
Donc on voit bien que c’est une position totalement xénophobe, raciste, contre les étrangers et qui en plus est contre-productive donc d’un point de vue de fond», a asséné le Président de l’Ecole des ingénieurs de la Ville de Paris.
Le gouvernement a décidé de contourner les sentiers périlleux de l’Assemblée nationale en explorant la voie de la Commission paritaire mixte (CPM) pour trouver un compromis afin de sauver ce texte phare. Le projet de Loi sera donc confié à la sagesse de 7 députés et 7 sénateurs, de tous bords, pour garantir l’équilibre des délibérations…
Il faut espérer pour le gouvernement que ça se terminera mieux que la réunion de Matignon, chez la Première ministre Elisabeth Borne, durant laquelle il y a eu des échanges inouïs entre le ministre de l’Economie et sa patronne, entre les ministres également. Tout cela pour dire que ce texte est hautement explosif politiquement. Le président Emmanuel Macron ne pouvait pas finir l’année sur une note plus négative.
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