C’est à n’en pas douter le premier grand test pour le nouveau Premier ministre Gabriel Attal, en attendant la grogne des enseignants, à ajouter aux dossiers internes (les remous autour de la ministre de l’Education nationale, Amélie Oudéa-Castéra et de la ministre de la Culture, Rachida Dati). Le moins qu’on puisse dire est que la nouvelle équipe gouvernementale démarre en trombe avec la colère des agriculteurs. Attal négociera ce lundi 22 janvier dans la soirée avec la FNSEA, principal syndicat agricole. En attendant les agriculteurs commencent à bloquer des axes routiers dans le pays et le leader de la FNSEA avertit : des actions seront organisées “toute la semaine et aussi longtemps qu’il sera nécessaire“.
Les agriculteurs n’en peuvent plus de la montée exponentielle des charges, de l’interdiction de pesticides alors qu’ailleurs ils sont autorités, de la pléthore de normes qui plombent le secteur, de la concurrence des produits ukrainiens, etc. C’est à peu près les mêmes griefs formulés par leurs collègues en Allemagne, aux Pays-Bas ou encore en Roumanie. A quelques mois des élections européennes (en juin 2024) cette bronca terrifie l’exécutif français.
Cela fait des mois que les agriculteurs râlent contre l’inflation, les lourdeurs administratives et des normes de plus en sévères, notamment en matière environnementale, ce qui permet aux autres pays qui n’y sont pas soumis et avec lesquels l’Union européenne a des accords d’imposer une “concurrence déloyale“. Il y aussi la majoration progressive de la taxe sur le gazole non routier décrété par le gouvernement, etc.
La grogne a commencé il y a quelques semaines par les panneaux d’entrée dans les villes retournés puis depuis plusieurs jours le blocage de l’A64 entre Toulouse et Bayonne, de l’A62 et de l’A9 ce lundi matin, plus une centrale nucléaire dans le Tarn-et-Garonne.
Gabriel Attal a dépêché sur le font ce week-end son ministre de l’Agriculture Marc Fesneau pour prendre langue avec les protestataires, mais rien n’y a fait, le Premier ministre devra s’y coller lui-même à 18 heures ce lundi soir.
Si l’affaire inquiète c’est aussi parce qu’elle est éminemment politique à moins de 6 mois des élections européennes. Vendredi dernier le président Emmanuel Macron a demandé au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin de dire aux préfets d’aller voir dès ce week-end les agriculteurs, même Gabriel Attal a conversé avec un agriculteur. Un conflit qui s’enlise avec une “gilet jaunisation” des agriculteurs, c’est ce que redoute la majorité présidentielle…
S’il y en a un qui a bien flairé l’odeur du sang c’est bien le Rassemblement national (RN), que tous les sondages donnent gagnant pour les européennes. Le président du RN et tête de liste aux européennes du 9 juin, Jordan Bardella, s’est rendu samedi dernier chez un éleveur laitier de Gironde. Il a profité pour surfer sur la mobilisation des agriculteurs, “un mouvement de colère” contre l’Union européenne. Donc attention au fiel de l’extrême droite sur une profession et un pays incandescents…
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