La France est peut-être pour la cinquième année d’affilée le pays européen le plus attractif pour les investissements étrangers (ça fera plaisir au président Emmanuel Macron, ses caisses ont grandement besoin de ces recettes fiscales), mais pour le géant des hydrocarbures TotalEnergies l’espace – la Bourse de Paris – commence à être exigu. Les bénéfices du groupe, qui enchainent les records, lui sont montés à la tête. Le ténor français a envie de jouer sur un terrain plus grand, et pourquoi pas New York et sa place boursière, qui font courir les grands de ce monde…
Mais TotalEnergies n’est pas un novice au pays de l’oncle Sam, cela fait un paquet d’années qu’il y prospère, surtout dans la niche du gaz liquéfié américain pour lequel il est le premier exportateur. Le français s’active aussi dans les projets de stockages par batterie et l’électricité renouvelable. Tout ça a donné des idées au PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné ; il a confié au magazine Bloomberg que son Conseil d’administration l’a mandaté pour plancher sur la migration de la cotation principale du géant pétrolier vers la Bourse de New York.
Pouyanné soutient qu’il est tout à fait normal d’envisager la chose vu que les actionnaires nord-américains prennent du volume dans le capital du groupe. «Je pense qu’il s’agit d’une question légitime. Ce n’est pas une question d’émotion. C’est une question d’affaires», argue le patron français. Mais voilà, l’exécutif français met le holà aux désirs d’Outre-Atlantique. Le ministre français de l’Économie, Bruno le Maire, l’a clairement dit ce jeudi 2 mai sur BFMTV : il n’en est pas question !
Le ministre a dit qu’il n’ignore rien du projet qui démange le géant français, mais c’est Non. «Est-ce que l’intérêt supérieur de la nation est de garder le siège social de TotalEnergies en France et la cotation principale de Total en France ? Oui. Donc je me battrais pour cela», a clamé Le Maire. Et quand il mord quelque chose il ne lâche jamais. Demandez aux ténors de la grande distribution et du carburant, qu’il a forcés à rogner leurs prix ou à les geler pour soulager les Français en ces temps d’inflation…
Reste à avoir si TotalEnergies en restera là où s’il engagera le combat contre le patron de l’économie. Le géant français s’est embarqué dans une ribambelle de projets d’hydrocarbures en Afrique, des programmes qui exigent de gros investissements. En 2020 le ténor des hydrocarbures avait ébruité la signature d’un contrat de financement externe du projet Mozambique LNG, pour une somme de 14,9 milliards $. Donc clairement Total a besoin de beaucoup de sous pour franchir des paliers supérieurs. Mais Paris se dresse sur sa route.
L’affaire tombe très mal, le 18 avril dernier les Européens ont sonné le rassemblement pour bâtir une Union et un marché capables de tenir tête aux USA et à la Chine, un projet dont le président français est le porte-drapeau. Alors ce n’est certainement pas le moment de lui dire qu’un méga groupe comme TotalEnergies a des envies d’ailleurs, surtout qu’il s’agit d’aller grossir les rangs des Etats-Unis, qui écrasent tout déjà, comme l’illustre le classement des méga fortunes de la planète…
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