Avoir le courage de ses opinions, avoir le courage de les défendre publiquement, quoi qu’il en coûte… Cela pourrait coûter très cher à la députée de la France insoumise (LFI) Danièle Obono. Par les temps qui courent, avec la doxa imposée par l’exécutif français et sur laquelle veillent la Justice et son épée, l’élue a pris un sacré risque ce mardi 17 octobre. Sur le plateau de Jean-Jacques Bourdin, sur Sud Radio, elle n’a pas hésité à qualifier le Hamas de “mouvement de résistance“.
Courage politique vous avez dit…
L’élue de Paris est allée beaucoup plus loin que ses camarades et leur leader Jean-Luc Mélenchon, qui payent très cher le fait de ne pas condamner formellement le carnage perpétré par les islamistes palestiniens en Israël le 8 octobre 2023. Non seulement la députée ne les a pas nommés “terroristes” mais en plus elle idéalise leur action. Même le très brave Mélenchon n’a pas osé aller jusque-là.
On peut difficilement imaginer que la chose a échappé à Danièle Obono, que sa langue a fourché, que les mots ont dépassé sa pensée et qu’elle en ignorait les dangers après la curée sur leur chef de file. Ce qui est plus probable c’est que c’est la suite logique d’une conviction ferme ancrée chez les mélenchonistes, en tout cas ceux qu’on entend le plus : Il faut regarder l’épineux problème du Proche-Orient dans sa globalité si on veut le résoudre définitivement et stopper 75 ans de souffrance, des deux côtés.
“C’est un groupe politique islamiste qui a une branche armée, qui s’inscrit dans les formations politiques palestiniennes, qui a pour objectif la libération de la Palestine et qui résiste à une occupation“, a dit d’emblée la députée de Paris à la radio. Bon, faire le distinguo entre la branche politique du Hamas et sa branche armée jusqu’ici ça va. On reste encore dans les clous fixés par la République et son chef, Emmanuel Macron…
Et là le très habile Bourdin lui glisse : “Est-ce que c’est un mouvement de résistance ?!“. Mme Obono répond sans hésiter : “Oui, qui se définit comme tel et qui est reconnu comme tel par les instances internationales“…
Le journaliste, conscient des risques de déflagration – et secrètement content d’avoir arraché un scoop -, lui a tendu la perche à plusieurs reprises pour que l’élue se reprenne et rectifie le tir. Peine perdue. Le Hamas reconnu comme un mouvement de résistance par les instances internationales – pas en Europe et aux USA en tout cas -, il n’en fallait pas plus pour provoquer un déluge de réactions très négatives de la part d’une classe politique qui guettait la glissade depuis des jours.
La première grosse affaire du ministre Éric-Dupond Moretti
Sur X – ex-Twitter – Mathieu Lefèvre, député Renaissance, s’est demandé “jusqu’où ira LFI dans le déshonneur“. Loïc Signor, porte-parole du parti présidentiel, a sorti ceci : “Non seulement vous faites honte à la République, mais surtout vous lui faites mal“. Julien Odoul, porte-parole du Rassemblement national, a clamé son indignation : “La justification permanente des attentats contre Israël est ignoble”…
Mais il y a pire pour le camp Mélenchon : il y a la réaction de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur. “Le Hamas, «un mouvement de résistance» ? Non ! c’est un mouvement terroriste. Je saisis le procureur de la République pour apologie du terrorisme“, a posté le ministre sur X.
Danièle Obono a répliqué à ses détracteurs en ces termes : “Assez de manipulations ! Ce matin, sur Sud Radio, j’ai dit que le Hamas était un groupe politique islamiste qui déclare inscrire son action dans la résistance à l’occupation de la Palestine. C’est un fait. Ni une excuse, ni un soutien, ni une caution pour ses crimes de guerre abjects contre les civils israéliens, que nous sommes les premiers et premières, à LFI, à avoir dénoncés comme tels. Je demande le jugement de tous ceux qui en sont coupables. Stop aux polémiques !“
Il y avait le débat, très animé et très polarisé, et maintenant la Justice qui s’en mêle. Il fallait s’y attendre après la circulaire très sévère lancée par le ministre Éric-Dupond Moretti le 10 octobre 2023. L’affaire Obono finira certainement devant les tribunaux mais il n’est pas certain que ça calme la frange de la société qui défend la cause palestinienne et qui a l’impression – c’est même plus qu’une impression – qu’on la brime en foulant au pied sa liberté de conscience…
De toute façon quels que soient les moyens employés par les autorités on ne va pas vers l’apaisement dans la société française tant que la situation est ce qu’elle est à Gaza.
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