Décidément faire passer des vessies pour des lanternes est devenu le sport favori de nos dirigeants. Après le chef de l’Etat qui tente de nous faire avaler qu’une participation historiquement basse à ses législatives est nettement préférable aux scores des autres (zappant toutes les raisons qui ont fait que les citoyens sont restés chez eux), après les ministres de l’Economie et des Finances qui essayent de travestir la Loi de finances 2023 c’est au tour de la ministre de l’Environnement de se moquer ouvertement des Tunisiens pour boucler l’année…
Les changements climatiques et leurs effets, personne ne peut plus les ignorer. Il n’y a qu’à mettre le nez dehors pour s’en rendre compte, avec ces températures printanières en plein mois de décembre. Et si ça ne suffit toujours pas faites un tour au barrage de Beni Mtir ou jetez un oeil sur les prévisions météorologiques. Bref, de toute évidence quelque chose cloche, le problème c’est comment la ministre de l’Environnement, Leila Chikhaoui, en a parlé ce vendredi 30 décembre en marge de la rencontre sur le dispositif “Clean-up yeau” ; le problème c’est ce que fait la Tunisie – en l’occurrence ne fait pas – pour assumer sa part dans ce combat planétaire…
D’abord quand elle dit que la Tunisie comme les autres nations paye le prix de la mauvaise santé de la couche d’ozone, ce qu’elle devrait plutôt dire c’est que la Tunisie fait partie des pays qui trinquent le plus. Et ce n’est pas moi qui l’affirme, ce sont les rapports internationaux qui le disent…
Ensuite Leila Chikhaoui déclare que son département a mis en place un Programme global pour lutter contre les changements climatiques. Là il faudrait qu’elle nous en dise plus, très sérieusement. La dernière fois qu’on a fait un tour du côté du portail du ministère de l’Environnement c’était le 3 juin 2022 et la dernière information remontait au… 8 décembre 2021…
On y est retourné ce vendredi, aucun changement notable : La dernière mise à jour remonte au 2 décembre 2022 (Lancement du troisième volet du projet d’éducation à l’environnement pour une Méditerranée durable – Eden-Med). Et avant c’était le 13 juin 2022, pour parler du suivi du sempiternel dossier des déchets de Sfax. Aucune trace du Programme national sur l’environnement, rien à part un déplacement de la ministre en Suède (le 3 juin 2022)…
Quand elle invite les citoyens à réduire leur consommation d’eau et d’électricité, là c’est frappé au coin du bon sens et on ne peut que la suivre. Là où ça coince c’est quand elle nous demande de réduire la quantité de carburant grillée…
Je n’apprends rien à la ministre en lui disant qu’on aimerait bien réduire les déplacements en voiture, vu ce que le carburant coûte et vu les tourments que nous infligent les autorités même quand le prix du baril baisse à l’international. Mais encore faudrait-il avoir les moyens de moins utiliser sa bagnole avec l’état dans lequel sont les transports publics. Et la grève de janvier 2023, qui pour une fois se fera au nom de la défense du service public, est là pour rappeler à Leila Chikhaoui qu’elle vit décidément dans un autre monde.
Madame la ministre quand l’Etat sera en mesure de faire en sorte qu’on ne se rabatte pas systématiquement sur nos voitures on en reparlera.
Enfin elle a fait savoir que son ministère a élaboré un Plan national pour permettre au pays de tenir le choc du réchauffement climatique, une stratégie qui court jusqu’en 2050. Elle a précisé que ce travail a été fait en partenariat avec les ministères de l’Industrie, de l’Energie et de l’Agriculture et que ce dispositif sera bientôt activé…
Chiche ! Nous ce qu’on a vu jusqu’ici ce sont des effets d’annonce et de manche pour aller dans le sens du concert mondial et au passage prétendre à des subventions. Mais concrètement il n’y a pas un élan national pour lutter effectivement contre les conséquences du bouleversement climatique. Vous me direz aussi que si la Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques – COP 27 – n’y arrive pas, la Tunisie avec ses petites mains et ses maigres moyens n’a aucune chance d’y parvenir…
Bon, peut-être aussi qu’il y a de nouveaux développements que nous ignorons et peut-être qu’à l’arrivée la ministre de l’Environnement nous surprendra agréablement. Ce qui est certain c’est qu’elle part avec un préjugé très défavorable. Quand on est incapable de débarrasser Sfax de ses ordures depuis octobre 2021 peut-on avoir une once de crédibilité sur un dossier aussi volumineux que le climat ? L’avenir nous le dira…
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