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La prochaine fois c’est Blinken qui viendra à Tunis, et ça chauffera

La prochaine fois c’est Blinken qui viendra à Tunis, et ça chauffera

Et maintenant la sous-secrétaire d’Etat américain, Uzra Zeya, en charge de la Sécurité civile, de la Démocratie et des Droits de l’Homme… Washington s’est dit qu’il faut au moins ça pour stopper le chef de l’Etat, Kais Saied, lui que les deux derniers communiqués du département d’Etat – deux dans l’intervalle de 2 heures – n’avaient pas fait ciller, comme du reste toutes les salves en provenance des partenaires européens. Tout comme le dernier “tir ami” du secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, qui a l’oreille du président Joe Biden. Pour le moment ce dernier a d’autres chats à fouetter – la Russie -, pourvu que les clameurs des opposants de Kais Saied ne lui parviennent pas. Mais le risque est grand puisque Uzra Zeya racontera à Blinken – qui racontera à Biden – tout ce qu’elle aura vu et entendu à Tunis

Le menu de la collaboratrice de Blinken est copieux : Elle va converser avec les autorités tunisiennes – essentiellement le gouvernement – sur des tas de dossiers prégnants (le paquet de problèmes tuniso-tunisiens, les périls qui guettent dans la région Moyen-Orient-Afrique du Nord, le lourd impact économique de la guerre en Ukraine…). Mais elle va aussi rencontrer, d’après le communiqué du département d’Etat, des militants et défenseurs des droits humains, des représentants des syndicats et de la société civile. Et oui, Uzra Zeya n’est pas en charge de la Démocratie et des Droits de l’Homme pour rien !

Cette fois il n’est pas question de parler avec les partis politiques. La Maison Blanche ne veut certainement pas froisser le chef de l’Etat, Kais Saied, mais elle veut aussi s’éviter les déboires des partenaires européennes que certaines formations politiques ont refusé de rencontrer à Tunis – Abir Moussi par exemple -, les mêmes qui pourtant passent leur temps à tirer sur le président de la République. Cette fois au moins Uzra Zeya va épargner aux citoyens tunisiens qui en ont soupé le cirque d’une classe politique schizophrénique…

Je vois d’ici ceux qui – les partisans de Kais Saied – montent déjà au front en criant haut et fort à l’ingérence dans les affaires intérieures de la Tunisie, qui disent que cette dame n’a pas à fourrer son nez dans notre cuisine interne ; je leur rétorque qu’il faut avoir les moyens de son indignation, de sa colère. Quand tu batailles pour avoir de quoi payer tes salaires – c’est le cas actuellement avec le FMI -, quand ta note souveraine a été dégradée pour la énième fois et qu’un ténor comme Morgan Stanley te prédit un défaut de paiement, tu ne peux pas s’autoriser à rechigner quand la main qui te nourrit te recadre…

Donc oui : la secrétaire d’Etat américaine va s’imposer en Tunisie, va mettre son nez dans nos affaires parce que nous avons été incapables de faire valoir notre indépendance économique et financière dans cette décennie de plomb, parce que nous avons mangé tout notre blanc et sommes devenus un fardeau pour nos soutiens.

Uzra Zeya va en entendre des jolis à Tunis, à commencer par le dernier tour de vis sur l’opposition avec l’interdiction de manifester sur l’artère la plus connue du pays et la réponse surréaliste du gouverneur de la capitale pour expliquer cette décision politique – il n’y a pas d’autre mot. A ajouter à la liste très longue des récriminations d’une opposition qui s’est complètement discréditée dans le chaudron du Parlement gelé et qui fait feu de tout bois pour entraîner dans sa disgrâce son bourreau, Kais Saied…

La secrétaire d’Etat américaine n’a pas besoin d’entendre les litanies et complaintes de Hamma Hammami, Jawher Ben Mbarek et compagnie pour savoir ce qui se passe en Tunisie, Washington a des rapports en temps réel, il sait tout. Mais il est évident qu’entendre ça de la bouche des plaignants aura une toute autre tonalité. Reste à savoir ce que Uzra Zeya fera de ce qu’elle va ramasser à Tunis demain mercredi 23 mars. “Wait and see“…

 

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