Economie

Le temps est à la diplomatie … économique

Le temps est à la diplomatie … économique

Sommes-nous enfin en train de faire de la bonne diplomatie économique ? La question mérite d’être posée. Et plus est qu’un revirement communicationnel semble s’opérer. De bon augure !

Y a de ces crises desquelles émergent des satisfactions. Le blocage dans le dossier des négociations avec le Fonds Monétaire International (FMI) semble s’inscrire dans cette tendance. Depuis son avènement à la tête du ministère des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Nabil Ammar fait le job. Il assure, rassure et défend les intérêts de la Tunisie. Tant sur le sujet du FMI que celui de l’immigration clandestine. Son interview, accordée au journal italien « La Repubblica » mérite d’être scruté. Surtout, il a le mérite d’aller droit au but. Il dit, dans le style et dans le jargon diplomatique, ses quatre vérités à l’Union européenne, mais tout en soignant un partenaire historique, l’Italie en l’occurrence. De quoi mettre chacun devant ses responsabilités., la Tunisie y compris. Le pays est confronté à ses démons profonds. Il traîne, encore, les couacs, tergiversations et casseroles d’une décennie maudite. Il n’arrive pas à enchaîner avec un nouveau régime complétement disruptif. Les partenaires étaient, sont et seront là. Ça relève de leurs intérêts. Mais le message institutionnel tunisien a été confus, sans relais fiables et a manqué de fermeté quand il fallait camper sur ses idées. Avec les moyens du bord, Nabil Ammar semble amorcer ce virage. La réponse aux missives de l’ambassade américaine en Tunisie en est bien la preuve. Il faut dire que les Américains ont été peu inspirés en rédigeant ce communiqué. L’effet boomerang aura de quoi les revigorer.

Accorder les cordes

Venons enfin à l’actualité saillante. Le président de la République a enfin mis les points sur les « i » concernant les réformes imposées par le FMI. On a beau dire qu’il s’agit d’un dossier tuniso-tunisien, personne n’y croit. Les réformes sont certes nécessaires et vitales. Mais elles sont imposées par le FMI. Ses équipes ont soufflé le chaud et le froid sur une économie chancelante, une administration faible et des négociateurs vulnérables par la multiplication des changements opérées au niveau des ministres. Le président l’a clairement dit à Monastir : sur la forme, il n’est pas convaincu par la démarche. Sur le fonds, il n’est pas sûr de la finalité de celle-ci. Politiquement, le risque est gros. La « paix sociale » pour reprendre son expression est en jeu. Il semble que l’analyse du Président Saïed parte de son propre vécu personnel : les répercussions du Plan d’Ajustement Structurel (PAS) le hantent, lui comme tous ceux de sa génération. Sa sortie, la veille du départ de la délégation tunisienne pour prendre part aux réunions annuelles du FMI et de la Banque Mondiale (autre bailleur de fonds en froid avec la Tunisie), n’est pas fortuite. Elle en dit long. Mais, donnera-t-elle les résultats escomptés ?

Rien n’est garantit. Alors Carthage est en droit de jouer la montre. D’ailleurs, les anciens programmes avec le FMI confortent sa position. Les échecs cuisants qui en résultent depuis 2012 sont autant d’arguments qui plaident pour un renforcement de la position tunisienne.

Tenir … Jusqu’à quand ?

Mais, la Tunisie a-t-elle les moyens de sa politique et de ses ambitions ? C’est la réponse à cette question qui pourrait changer la donne. Car, entre-temps, le tissu économique souffre. Les finances publiques galèrent. Le déficit commercial augmente. Les prix internationaux galopent. L’inflation est à deux chiffres et s’installe dans la durée.

Comment gérer l’immédiat tout en assurant le moyen sinon le long terme ? Là aussi, Carthage, encore moins la Kasbah, n’apporte pas de réponses. C’est sur ce plan bien précis que la diplomatie en général, celle économique en particulier, prendra le relais pour peser de tout son poids. Donnons-leur les moyens.

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