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Les gros appétits autour de Saied pourraient atomiser les reliques du 25 juillet

Les gros appétits autour de Saied pourraient atomiser les reliques du 25 juillet

L’appétit vient en mangeant, a-t-on coutume de dire. Et bien c’est exactement ce qui est en train d’arriver aux soutiens du chef de l’Etat, Kais Saied, regroupés dans ce mouvement qui porte bien son nom : 25 juillet. On est parti de la vision fantasmée de l’idéal apolitique – le chef de l’Etat reste le seul à y croire – à ces prétentions à gouverner le pays. Attention, les pro-Saied filent du mauvais coton !

Faire tabula rasa du Parlement et en ériger un tout autre, avec une autre façon de servir l’intérêt général et non se servir, c’est l’élan qui a musclé le président de la République et impulsé la dynamique ayant conduit à la frappe du 25 juillet 2021. La guillotine présidentielle était censée raser net, l’herbe manifestement n’aura pas mis beaucoup de temps à repousser. Comment interpréter autrement cette sortie du Mouvement du 25 juillet qui préfigure un triomphe aux législatives du 17 décembre et pousse le bouchon jusqu’à enterrer le gouvernement de Najla Bouden pour, de manière subliminale, s’imposer pour la succession ?

Le mouvement Echaab, autre soutien de Saied et qui fait feu de tout bois en ce moment, a ouvert le bal hier en dessinant le cercueil de l’équipe de Bouden, avec force arguments. Au palais de la Kasbah, à l’hémicycle du Bardo…, les pro-Saied se voient partout ! Et oui, on en est là. Le chef de l’Etat a beau désosser le Parlement, le vider de ses pouvoirs, une demande populaire forte du reste après le trop-plein de facéties, délits et crimes de Seif Eddine Makhlouf et compagnie, l’Assemblée des représentants du peuple fait toujours rêver, fait toujours courir. L’éternel attrait du pouvoir sans doute, même rogné fortement.

Et que dire de la proposition surréaliste d’un autre animateur de la mouvance présidentielle, Brahim Bouderbala. Il se porte volontaire (mais il ne sera pas le seul le moment venu, croyez-moi ils se bousculeront) pour piloter le groupe parlementaire d’une sorte de majorité présidentielle. L’ex-bâtonnier de l’Ordre national des avocats n’a pas fait le deuil du maroquin qu’il convoitait, même si lui aussi, exactement comme ceux du Mouvement 25 juillet, jurait la main sur le coeur qu’il ne visait rien…

C’est justement cette façon de faire de la politique que les partisans de Saied ont vomie, et c’est d’ailleurs ce qui explique son succès populaire au départ. Cette manière de lorgner des fauteuils avant de savoir ce qu’on va y faire, ce qu’on va apporter à la collectivité ; cette façon de se positionner avant même de déballer son projet de société, son programme politique et économique c’est cela que les Tunisiens ont rejeté. Cette agitation ambiante autour de Saied fait craindre le retour, par la fenêtre, de la politique politicienne qu’on avait éjectée par la porte.

Les reniements et revirements du Mouvement du 25 juillet ne plaident pas en sa faveur. Rappelons que ce sont les mêmes qui avaient lâché publiquement le président, au motif qu’il est trop sorti des clous ; puis les dissidents sont tranquillement retournés au bercail. Et maintenant ils revendiquent les premières loges au Parlement et plus si affinités. Ce n’est pas la rupture que Saied avait “vendue” aux citoyens. Il a intérêt à vite mettre le holà et ramener de l’ordre dans ses rangs pour sauver ce qui reste de son projet politique…

 

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