Tunisie Numérique a mené une série d’interviews auprès des familles tunisiennes pour savoir comment elles gèrent leurs budgets en ces temps de crise que traverse le pays.
Ces tunisiens proviennent de différentes classes sociales, sont d’âges différents et habitent dans des quartiers aussi bien huppés que populaires. Ils ont accepté volontairement de répondre de manière spontanée et anonyme aux questions de Tunisie Numérique. Les récits ont été retranscrits tels quels.
Hayet a 36 ans. Elle est enseignante au primaire dans une école publique.
Kais a 45 ans. Il est enseignant du secondaire.
Le couple s’est marié en 2014. Hayet et Kais ont 2 filles de 07 et 05 ans.
La famille habite une maison en cours de construction à Sidi Bouzid.
Kais a une voiture qu’il utilise pour aller à son travail, un lycée de la ville de Jelma.
Hayet nous confie : « Selon l’emploi du temps de Kais, je suis obligée de marcher pour aller à l’école primaire dans laquelle je travaille. D’ailleurs c’est ce qui m’a poussé à inscrire ma fille dans la même école, à mes côtés ».
Kais a un salaire mensuel de 1500 dinars. Hayet touche 1400 dinars de salaire mensuel.
Le couple bénéficie d’une couverture sociale grâce à leurs emplois de fonctionnaires de l’Etat.
Kais nous parle de ses origines : « Je suis originaire de la délégation de Menzel Bouzaiane. Je suis un campagnard. Je viens d’une famille nombreuse. J’ai 4 sœurs et 3 frères, tous mariés ».
Kais continue : « Je passe presque quotidiennement rendre visite à mes parents. Je profite surtout durant les vacances pour superviser le travail de ma petite oliveraie que ‘‘El Hajjالحاج ’’ m’a donné ».
Kais rajoute fièrement : « Cette oliveraie est une bénédiction- نعمة c’est elle qui me rappelle mes origines. C’est ma terre et celle de mes ancêtres ».
Kais nous dit que compte tenu de ses déplacements multiples, il a ‘‘adapté’’ la voiture à travers une installation au gaz moins cher que l’essence.
Vivre à Sidi Bouzid
Hayet enseigne à quelques minutes du foyer familial dans une école primaire publique. Elle est originaire d’une des banlieues de Tunis. Elle nous dit à ce sujet : « Je suis issue d’une famille moyenne. Mon père a une exploitation agricole, essentiellement des arbres fruitiers. J’ai fini mes études supérieures comme tous mes frères ».
Hayet regarde Kais et nous dit : « Au début, je refusais de vivre à Sidi Bouzid. J’avais peur que mon rythme de vie soit affecté. Je pensais que les coutumes et les traditions soient totalement différentes de la capitale. Après quelques années ici, je peux dire que ce n’est réellement pas une contrainte ».
Hayet sourit et continue : « J’ai pu rapidement m’adapter. Les gens sont serviables et accueillants. Kais et sa famille m’ont beaucoup aidé également. Je ne me suis jamais sentie étrangère ».
Hayet nous confie que sa préoccupation majeure est celle du transport. Cette contrainte a réduit le choix du couple d’un établissement scolaire pour les filles.
Hayet dit à ce sujet : « J’ai inscrit ma fille ici par obligation. Ce n’était pas par choix. Son école primaire est parmi les moins classées à l’échelle régionale. C’est vrai que le manque de moyens financier y est également pour beaucoup. Les mensualités du crédit bancaire ‘‘aspirent’’ une grande partie de nos revenus ».
Un budget commun
Hayet jette un deuxième regard tendre à Kais et nous parle de son foyer : « Nous partageons les dépenses du foyer et avançons main dans la main. On gère le budget ensembles. On a acheté le terrain dans une première étape et on a commencé le projet de la maison. Nous y habitons depuis 02 ans ».
Hayet rajoute : « C’est vrai que la maison n’est pas finie, dans certaines pièces il n’y a pas de carrelage et qu’il manque beaucoup d’accessoires mais c’est notre nid douillet. Nous sommes heureux d’avoir un toit à nous. Avec les prix des loyers qui flambent, on n’aurait pas pu louer une maison avec autant de superficie ».
Kais prend la parole et dit : « Ce qui me préoccupe, c’est l’avenir de mes filles. J’ai peur de ne pas pouvoir leur offrir ce qu’elles désirent surtout, une formation de qualité. En tant qu’enseignants nous ferons de notre mieux pour accompagner nos filles dans leurs études ».
A l’aise mais…
Hayet nous dit que la famille fait ses courses au marché local. Les soldes d’été et d’hiver sont l’occasion pour le couple d’acheter des vêtements neufs. Hayet en profite pour rendre visite à sa famille dans la capitale.
Hayet nous confie que depuis 02 ans, la famille ne part plus en vacances comme ce qu’elle faisait avant la COVID. Elle s’exprime à ce sujet : « Nous allons à Tunis et y passons quelques jours avec ma famille. Nous en profitons pour aller à la plage, visiter les centres commerciaux et aller aux parcs. Avant on se permettait de 03 à 05 jours de vacances par an dans un hôtel au Sahel. Maintenant c’est impossible surtout avec le projet de la maison. On ne peut pas tout avoir dans la vie ! ».
Kais intervient et rajoute : « Nous sommes privilégiés de toucher 3 000 dinars par mois. Hamdoullah nous sommes à l’aise financièrement malgré quelques restrictions. Nos conditions vont s’améliorer avec la fin du chantier de la maison et le paiement du crédit qui étouffe ».
Le couple nous affirme pouvoir faire face aux dépenses quotidiennes.
Kais dit à ce sujet : « On arrive à gérer pour l’instant. Les prix grimpent dangereusement, les besoins des filles augmentent également. Hamdoullah Mastoura- مستورة mais je crains le pire avec l’inflation. Nous on y arrive in extrémis à boucler les fins de mois, mais que dire de ceux qui gagnent moins !».
Budget de la famille
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- Revenu total mensuel des 02 parents : 3 000 dinars.
- Facture de la STEG : 100 dinars par mois.
- Facture de la SONEDE : 50 dinars par mois
- Mensualité du crédit bancaire : 500 dinars
- Abonnement mensuel ADSL : 35 dinars
- Frais de transport : 300 dinars par mois
- Alimentation et produits de nettoyage : 500 dinars par mois
- Argent de poche de Kais : 200 dinars par mois
- Argent de poche de Hayet : 100 dinars par mois
- Frais de médicaments et soins : 50 dinars par mois
- Vêtement de l’Aïd : 300 dinars pour les 02 filles
- Mouton de l’Aïd : 400 dinars
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