Economie

Migration vers l’UE : Nabil Ammar présente la facture, comme Erdogan en 2020

Migration vers l’UE : Nabil Ammar présente la facture, comme Erdogan en 2020

Une migration croissante et que rien ne pourra stopper, c’est ce qui empêche les dirigeants européens de dormir sur leurs deux oreilles. Ça l’est encore plus pour l’Italie, porte d’entrée de “l’eldorado européen” – ça c’est ce que croient dur comme fer les migrants -, littéralement assaillie par des vagues migratoires sans précédent. C’est la réalité que se coltine le gouvernement de Giorgia Meloni. Cette dernière ne s’en cache pas – c’est aussi ça le style décomplexé de l’extrême droite : Elle attend de la Tunisie qu’elle en fasse plus pour stopper les migrants. Mais voilà, cette affaire a un coût (humain, matériel, financier) et le chef de la diplomatie tunisienne, Nabil Ammar, l’a fait savoir, très diplomatiquement…

Pour gérer les flux de migrants illégaux vers l’Europe, la Tunisie utilise toutes les ressources et tous les moyens dont elle dispose. Mais ceux-ci ne sont pas illimités, d’autant que nous traversons une période difficile pour l’économie et les finances publiques. Nous ne pouvons pas faire plus». C’est ce qu’a dit ouvertement le ministre tunisien des Affaires étrangères au journal Head Topics…

«Nous sommes dans une période difficile pour les finances publiques. Nous aimerions collaborer avec le gouvernement italien pour créer un véritable développement ici“, a-t-il ajouté…

Le mot est lâché. Tunis descend enfin dans l’arène pour tenir le langage de la vérité, celui des chiffres pour affronter la réalité telle qu’elle est. C’est peu ou prou le discours qu’avait tenu le président turc en 2020, quand les Européens misaient sur lui pour retenir les centaines de milliers de Syriens et Irakiens qui faisaient route vers le vieux continent. La Turquie avait menacé ouvertement les Européens d’ouvrir les vannes si les milliards d’euros promis n’étaient pas versés. Beaucoup avaient crié au chantage mais Ankara n’en avait cure.

La Tunisie n’est pas arrivée à cette extrémité et manifestement elle n’en aura pas besoin puisque tout le monde semble avoir compris la nécessite d’aider pour éviter une catastrophe qui paradoxalement semble terrifier plus les Européens que les Tunisiens. C’est le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, qui a mis le sujet sur la table, alors que du côté de Tunis on fait preuve de beaucoup – beaucoup trop peut-être – de sérénité face à cet “effondrement” qu’on dit imminent…

Et puisque le partenaire européen a ouvert la brèche les autorités tunisiennes s’y engouffrent pour tenir un langage aussi décomplexé que celui de Giorgia Meloni quand elle parle des migrants. Le “véritable développement ici” dont parle Nabil Ammar c’est justement celui qui permettra de fixer les fils et filles de la Tunisie, qui fera en sorte qu’ils seront moins tentés par les routes mortelles de la Méditerranée.

L’Italie épaule actuellement Tunis pour mettre la main sur le paquet que le FMI nous agite sous le nez depuis des mois et dont dépend un tas d’autres décaissements. La sortie du chef de la diplomatie tunisienne est aussi une manière de signifier aux Italiens qu’il faudra en faire davantage pour soulager rapidement la Tunisie. Le langage est nouveau pour Tunis mais pas pour les Européens. Il a le mérite d’être clair et plus efficace que les formulations alambiquées, alors allons y sans hésiter.

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