Politique

Par Jawhar Chatty : Une minute de silence pour les vivants

Par Jawhar Chatty : Une minute de silence pour les vivants

Le texte est saisissant. Difficile de rester longtemps insensible à l’humanisme têtu, étroit et pur qui s’en dégage.

Hors sol ? Une voix d’outre tombe ? C’est d’entre les tombes que la voix d’une femme meurtrie s’élève et  déchire le silence des cimetières.

Monia Mouakher Kallel invoque Dieu et les aïeux. Profondément blessée,  austère et toujours debout elle semble livrer un combat contre les évènements massifs et difformes de ces derniers temps. Confiante en la Justice, elle s’élève contre  la cabale et la calomnie facebookiennes dont son frère et sa famille sont la cible.

Je ne l’ai  jamais rencontré.

 J’ai par contre eu l’occasion de rencontrer une fois l’ancien ministre Riadh Mouakhar avec qui j’ai dû échanger deux trois mots qui avait  étrangement suffi à me faire penser que la politique réussit très rarement aux médecins ! L’humanitaire , à la limite et encore ! Cela aurait été bien moins risqué, moins tumultueux et bien plus discret que de « faire » de la politique.

Je ne connais rien du dossier de l’ancien ministre de l’environnement  aujourd’hui sous les verrous.   Bien plus important cependant est le fait moral . À ce titre, le texte-cri de Madame Monia Mouakhar Kallel est absolument saisissant.  La grande et rare sincèrité qui s’en dégage ne peut pas nous laisser insensible.

 Le texte intégral tel que publié sur la page FB de Monia Mouakhar Kallel :

Chère famille, chers amis

Chère famille, chers amis

Je vous remercie pour vos vœux et votre  soutien. Vos appels, messages et vibrants témoignages nous touchent profondément dans ces moments particuliers.

Le cœur n’était pas à la fête et l’Aid fut terriblement morose en l’absence de notre très cher Riadh. « Tout est dépeuplé », incolore,  absurde…

Seul le cimetière semble apaisant. C’est là devant les tranquilles pierres  blanches et leur silence tombal, que je viens entendre mes ancêtres, les Zitouniens-Destouriens. J’aime à croire qu’eux aussi ils m’entendent. Cette fois.

Réveillez-vous mes aïeux

Réveillez-vous et écoutez

Ce que le peuple fait de ses vertueux.

Ce peuple dont vous êtes issus, avec qui vous avez bâti le pays, par le sang de vos muscles et les rigoles de vos sueurs.

Cette mère-patrie qui a ancré en vous l’alphabet  du monde,

L’amour du travail

Le goût de l’altérité et de la liberté

Regardez-la.  Aujourd’hui. Elle se nourrit de la chair de ses enfants… Les pourchasse,  leur coupe les ailes, les voix, et les broie pêle-mêle sur fb, ce tribunal-défouloir où on calomnie, insulte, lance des accusations à tout va, et des procès en un tournemain où on confond infractions, erreurs administratives, et  fautes, vols, crimes…

Où êtes-vous mes aïeux ? Pourquoi  vos voix  paraissent si lointaines ?   Vous  qui célébriez l’harmonie du monde que Dieu créa à son image, les valeurs cardinales de l’Islam et les attributs du bon Musulman dont le grand cœur est imprégné de la « Rahma »

Réveillez-vous mes aïeux

Réveillez-vous et voyez

Ce que que deviennent vos idylles, vos  promesses d’un « lendemain meilleur », vos prêches sur le travail bien fait, l’abnégation, le dévouement  pour « bâtir le pays », cette expression dont vous usiez comme d’un sésame magique face à une jeunesse charmée et conquise. Se voyant déjà accomplir les métiers que vous appeliez « utiles » : l’enseignant par qui advient la lumière du savoir, le médecin sauveur de vies, l’architecte-concepteur…

Réveillez-vous et observez l’autre visage de la terre d’Islam. Cette terre que vous avez magnifiée et benie  se fait l’ogresse-mangeuse de vos fils chéris.

Fin du texte.

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