Si en terre tunisienne – une toute jeune démocratie – on peut concevoir les bourdes communicationnelles du gouvernement, qui fait tout ce qu’il peut pour les réparer, que dire quand cela se produit dans une grande démocratie comme la France. Le retard pris par la publication du nouveau protocole sanitaire à l’école s’est invité ce mardi 4 janvier sur le plateau de France Inter, en présence de Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement français…
Les enseignants sont très remontés contre la publication très tardive des nouvelles directives gouvernementales pour cette rentrée scolaire. Alors qu’ils les attendaient depuis plusieurs jours, c’est seulement la veille du retour à l’école, dimanche 2 décembre 2021, en fin d’après midi, que les annonces sur le nouveau protocole sont tombées. Trop tard, beaucoup trop. Autant vous dire qu’Attal était très attendu ce matin…
Patrick, un auditeur de la radio dont la compagne est directrice d’école, a fait une intervention très remarquée. “Est-ce que vous trouvez que la façon dont sont traités les enfants, les parents et les enseignants en ce moment est quelque chose d’acceptable et de tolérable?“, a demandé l’auditeur au porte-parole du gouvernement, qui n’en menait pas large dans le studio.
“C’est inadmissible de retrouver ces gens devant l’école ce matin en situation d’essayer de comprendre comment ils vont pouvoir faire aujourd’hui pour gérer les choses en intégrant les nouvelles règles qui ont été, encore une fois, apprises aux enseignants par l’intermédiaire des médias“, a ajouté Patrick. Puis, manifestement excédé, il lâche : “Je trouve qu’il y a quelque chose là, en termes de communication, qui est assez effarant.“
Le gouvernement français a fauté à deux reprises : Un retard incompréhensible et inadmissible pour communiquer aux écoles des mesures de cette importance, alors que le nouveau variant du Coronavirus, Omicron, continue sa course folle. Ensuite le gouvernement a boudé tous les supports traditionnels et officiels pour se rabattre sur un journal privé. Effectivement il y a mieux pour toucher sa cible…
“Ma femme guette depuis trois jours les nouvelles consignes : il n’y a rien. Et à 17h, dimanche, il y a un article payant du Parisien dans lequel monsieur Blanquer explique quelles sont les nouvelles mesures“, s’indigne l’auditeur, gagné par l’émotion. Pour charger encore plus la barque du gouvernement, l’interlocuteur de Gabriel Attal a été coupé “accidentellement” dit-on…
Pour sa défense, le porte-parole du gouvernement a repris les arguments du ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer : le gouvernement n’a pris connaissance des recommandations du Conseil scientifique et de la Haute autorité de santé publique que vendredi dernier, “l’élaboration de tous les protocoles” avait mangé le reste du temps, repoussant les annonces au dimanche.
Il n’est pas certain que ces explications suffisent à dissiper les malentendus entre les enseignants et le gouvernement. Peut-être que ces couacs expliquent en partie que le gouvernement lâche du lest sur le pass vaccinal en donnant à l’opposition plus de temps pour en débattre à l’Assemblée nationale. On est en précampagne électorale, il ne faudrait pas que les Français fassent payer au président sortant, Emmanuel Macron, ce qui pourrait être considéré comme des ratés…
En tout cas une certaine chose est certaine : vu d’ici, en Tunisie, les ratés des autorités tunisiennes sur la même affaire peuvent être accueillies avec une certaine clémence quand on sait que les mêmes travers existent en France, dont on connait la longue tradition administrative et organisationnelle.
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