Nouveau ministre français des Affaires étrangères, nouvelle doctrine sur le Sahara occidental pour retourner dans les bonnes grâces de Sa Majesté Mohammed VI. Enfin, ça c’est ce qui était censé se produire après la déclaration fracassante de Stéphane Séjourné sur cet épineux dossier. “Le soutien clair et constant de la France au plan d’autonomie marocain est une réalité depuis 2007 (…). Nous ajoutons qu’il est temps désormais d’avancer (…)”, avait clamé le chef de la diplomatie française le 10 février 2024. Après ça il en a remis une bonne louche le 25 février dernier à Rabat. Avec ça le souverain marocain était en droit de s’attendre à des avancées spectaculaires de la part de Paris. A l’arrivée l’affaire s’est dégonflée comme une baudruche. Ce n’est pas moi qui le dis c’est la presse marocaine…
Le dossier du Sahara était un peu le cadeau royal que devait faire Paris au roi du Maroc pour marquer la fin officielle de la tension diplomatique extrême qui dure depuis des années. Le magazine marocain “TelQuel” n’y est pas allé par quatre chemins dans sa Une du 1ᵉʳ mars 2024 : “Maroc-France : une visite qui a fait pschitt”. Jugement sans appel.
“Sans avancées, sans perspectives, sans déclarations fortes, la visite du ministre des Affaires étrangères français, Stéphane Séjourné, n’aboutit sur rien de concret. On ne peut toujours pas parler de réconciliation”, assène le magazine marocain. Donc rien de concluant, toujours selon la même source, lors de cette visite en grande pompe dont le seul point qui a retenu l’attention est l’entretien exceptionnellement long – près de 2 heures – entre Séjourné et son homologue Nasser Bourita.
Il n’y a pas que le souverain marocain et les médias locaux qui guettaient sur le dossier du Sahara occidental, il y a surtout les séparatistes du Front Polisario et leur soutien, l’Algérie. Pour ces derniers la satisfaction est totale puisque Paris a été “timide”, se bornant à redire le l’appui “constant” de la France au plan d’autonomie que défend mordicus Rabat…
Séjourné “n’a pas avancé d’un pouce. Et il a d’ailleurs repris ce qu’avait dit la précédente ministre, Catherine Colonna”, commente le politologue Mustapha Sehimi. “Il faudrait que Paris s’aligne au moins sur la position espagnole telle qu’elle a été formulée en avril 2022, en déclarant clairement que le projet marocain, consacré par le Conseil de sécurité [de l’ONU] depuis 2007, constitue la seule et unique option pour régler le conflit”, ajoute-t-il.
Mais l’optimisme reste de mise du côté du Maroc. D’après un diplomate approché par le magazine Séjourné a défriché le terrain et ce qui n’a pas encore été annoncé pourrait l’être très prochainement lors de la visite de deux ministres français qu’on dit acquis à la cause marocaine : Rachida Dati, en charge de la Culture et surtout Bruno Le Maire, à la tête du département de l’Économie et des Finances…
Là aussi c’est un déplacement qu’Alger scrutera à la loupe. En attendant aucun nuage à l’horizon entre la France et l’Algérie. Rien de tangible quant au changement du positionnement de Paris sur le dossier du Sahara et du côté du business les affaires roulent. La 15e édition des Rencontres-Algérie a démarré ce mardi 5 mars, un événement qui a lieu à Paris, Lyon et Marseille, durant 3 jours. Le Conseil du Renouveau Économique Algérien (Crea) et le Mouvement des Entreprises de France (Medef) mettent le cap sur «Algérie : les nouveaux partenariats».
Il est question de monter en puissance dans le partenariat entre les deux pays et de mettre sur la table un certain nombre de gros dossiers qui seront tranchés lors du voyage du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, en France, après le mois du Ramadan. C’est cela qui mobilise les deux partenaires… ça et le dossier du Sahara, il ne faut pas s’y leurrer. Le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, devra faire preuve de doigté pour ménager la chèvre et le chou (Alger et Rabat).
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