Après tout pourquoi pas, puisque la musique, dit-on, “adoucit les moeurs”. Sait-on jamais, peut-être que le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, aura de meilleurs résultats qu’avec l’usage de la force, de l’invective, du chantage ou que sais-je encore. Par les temps qui courent il ne faut rien s’interdire, même la diplomatie musicale pour parler à ses interlocuteurs les plus coriaces. En tout cas Blinken semble y croire dur comme fer et a lancé dans ce sens hier mercredi 27 septembre dans la soirée une “Initiative de diplomatie musicale”…
La politique étrangère des USA sous un autre angle, très original, c’est l’ambition affichée par Washington. Blinken a lui-même essuyé les plâtres en se produisant devant du public, avec sa guitare – une corde de plus sur l’arc de ce diplomate chevronné. Il s’est lancé dans des notes de Muddy Waters qui ont fait leur petit effet lors d’une cérémonie au département d’Etat.
Dès cet automne la Maison Blanche monte en puissance avec de grands noms de la scène musicale annoncés en Jordanie et en Arabie saoudite, et même un orchestre philharmonique en Chine. Herbie Hancock, en compagnie de Dee Dee Bridgewater et de l’ensemble de Jazz de l’université de Californie-Los Angeles (UCLA), est attendu en Jordanie en octobre prochain, en hommage au concert de Duke Ellington qui avait enflammé le pays en 1963.
La virée musicale de Herbie Hancock installera ensuite ses quartiers en Arabie saoudite, pour quatre jours de concerts, une première dans le très conservateur royaume saoudien. Mais le pacte historique que s’apprêtent à sceller Riyad et le protégé des USA, Israël, vaut bien une fête non moins historique dans le pays qui abrite les Lieux saints de l’Islam où d’ailleurs le président Joe Biden s’est rendu en juillet 2022.
Pendant ce temps l’orchestre philharmonique de Philadelphie jouera dans plusieurs villes en Chine, du 9 au 18 novembre 2023, pour marquer les 50 ans de sa tournée historique en 1973, un an après la visite retentissante du président Richard Nixon à Pékin. Un violoniste qui avait pris part au voyage se produira avec l’orchestre américain.
Ce n’est pas fini, le projet comprend également une pléthore d’échanges et de collaborations musicaux, avec par exemple des artistes hip hop programmés au Nigeria ce mois de septembre…
A noter que l’artiste et producteur Quincy Jones a reçu hier soir un prix honorifique, “la paix à travers la musique”, la preuve que Blinken ne plaisante pas avec son “Initiative de diplomatie musicale”. Est-ce que sa trouvaille fera des émules parmi ses pairs occidentaux, à commencer par le président français Emmanuel Macron, qui en a bien besoin en ce moment au Maroc, en Algérie, au Niger, etc. ? Nous verrons bien. Ce qui est certain c’est que ce monde a besoin de douceur, et si ça doit passer par des délices musicaux pourquoi pas.
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