Le 29 juillet 2023 le roi Mohammed VI tendait la perche à l’Algérie, dans son discours du Trône. Le souverain évoquait même la réouverture des frontières entre les deux pays, hermétiquement fermées depuis des décennies après des pics de tension que rien n’a pu enrayer, pas même l’activisme d’un ami commun, le Qatar. Que reste-t-il des signaux de Mohammed VI en direction d’Alger ? Que reste-t-il des frêles espoirs de réconciliation entre les deux frères ennemis ? Rien, les choses ont même empiré. Ce qui nous le dit le mieux c’est l’exaltation des supporters algériens après la déroute de l’équipe nationale du Maroc face à l’Afrique du Sud, dans le cadre de la CAN 2024…
Ces vidéos, dont l’une entonne une chanson tunisienne bien connue, parlent d’elles-mêmes. S’il y avait encore une très mince chance de ranimer l’Union du Maghreb arabe, moribonde depuis sa création en 1989, elle vient de voler en éclats. Les Algériens n’ont pas pardonné aux Marocains leur joie mauvaise quand les Fennecs ont aligné les revers au premier tour de la CAN pour sortir par la petite porte, les citoyens marocains ne pardonneront pas ces effusions de joie après l’élimination surprise des archi favoris Lions de l’Atlas.
Ainsi vont Rabat et Alger : coup pour coup, même si ces coups les frappent en premier, frappent leurs économies, leur potentiel de développement, qui est énorme d’après tous les rapports internationaux. Ce combat est sorti de toute rationalité et consume déjà les générations d’après en générant le carburant de la division. Les deux pays font feu de tout bois, tout est bon pour faire mordre la poussière au voisin, dans un funeste emballement dont les grands perdants sont les peuples et pas leurs élites dirigeantes.
Il faut dire aussi que quelques heures avant la chute des Lions de l’Atlas leur entraîneur Walid Regragui avait chauffé à blanc les Algériens et même tous les Maghrébins en déclarant publiquement : “L’élimination de l’Égypte de la compétition ne nous affecte pas car nous ne jouons pas sous la bannière arabe. Notre concentration est actuellement sur l’équipe nationale marocaine et nous participons à une compétition africaine en jouant uniquement pour le Maroc”. Quand on vous parlait d’irrationalité. Les Algériens se sont copieusement vengés hier soir.
Tout ça dépasse complètement les dignitaires des deux pays qui entretiennent cette guerre insensée dont on ne voit pas le bout et qui a déjà enfanté les prochaines générations de soldats. L’Afrique du Sud a d’excellentes relations avec Alger mais ça n’explique pas tout dans les débordements de joie des supporters algériens, il est très probable qu’ils auraient agi de la sorte avec n’importe quel adversaire du Maroc. L’essentiel pour eux est que ce dernier perde la partie. Alors vous imaginez perdre 2 à 0 après un penalty raté par l’équipe marocaine, c’est trop de bonheur pour les Algériens…
Quand on vous disait que dans le football transparaît beaucoup plus que la pure passion sportive : On est carrément dans la géopolitique dans toute sa splendeur et ses errements. Les Marocains ruminent déjà leur revanche après leur double défaite – contre l’Afrique du Sud et l’Algérie derrière – et guettent l’équipe algérienne. Rendez-vous donc au prochain coup… et ainsi de suite.
On ne bâtira rien avec ça, personne n’y gagnera quoi que ce soit mais allez le dire aux Algériens et aux Marocains. Même eux cette affaire les dépasse, ce sont les tréfonds d’une nation qui s’expriment là et contre ça il n’y a pas grand-chose à faire, hélas. Seul le temps a le remède à ce mal chronique… ou pas.
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