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Exclusif TN: Michaël Ayari lève le voile sur les messages envoyés à l’UE sur la situation générale en Tunisie [Vidéo]

Dans une interview exclusive accordée à Tunisie Numérique, l’analyste principal pour International Crisis Group Michaël Ayari est revenu sur le rapport publié par l’institution en question sur la situation générale en Tunisie après les mesures du 25 juillet ainsi que les messages qui ont été envoyés à l’Union Européenne à ce propos.

Ayari a dit que le groupe a indiqué que l’UE doit continuer sa coopération bilatérale avec la Tunisie qui comprend le décaissement de 800 millions d’euros.

L’UE doit aussi se remettre en question par rapport à la situation en Tunisie. Nous ne pouvons pas dire qu’il y avait une coopération fructueuse et que la Tunisie a consolidé sa démocratie en arrivant au chemin du développement via la réduction des inégalités et le respect des droits économiques et sociaux. Etant le premier partenaire commercial et le fournisseur d’aide budgétaire directe de la Tunisie, l’UE doit comprendre que les projets qu’elle a privilégié auraient pu être faits autrement.

L’UE doit comprendre que ce n’est par parce que le régime autoritaire de Ben Ali est tombé que l’Etat s’est transformé” a t-il déclaré.

Michaël Ayari a déclaré que dans la coopération internationale, à partir du moment où il y a deux alternances pacifiques au pouvoir, des perdants qui partent pacifiquement, une liberté politique globalement respectée, un formalisme institutionnel, quelques contre pouvoir et une société civile pas trop dynamique mais au moins présente, la transition démocratique est achevée.

D’après ses dires, la Tunisie était à une période donnée une exception dans sa zone cependant les événements du 25 juillet ont fait un tournant ce qui a poussé certaines parties étrangères à plaider pour la suspension des aides à la Tunisie.

Selon ces dernières, les mesures du 25 juillet prévoient une rechute, ne relèvent pas de la bonne gouvernance et risquent de donner un mauvais exemple.

Il y a ,selon les parties étrangères,, des pays qui font plus d’efforts et qui reçoivent moins d’aides que la Tunisie ce qui pourrait déclencher une jalousie interne. Ces mêmes parties ont besoin de justifier les aides accordées à la Tunisie auprès de leurs Etats et de leurs contribuables mais, à ce stade, ils n’ont plus d’arguments. Pour cela, il y a certains qui appellent à réduire la coopération avec la Tunisie, donner le stricte minimum ou arrêter la coopération carrément. Dans ce cas, cette décision pourrait être à l’origine de sanctions économiques globales dont la première victime serait la population” ajoute la même source.

Michaël a, dans le même ordre d’idées, rappelé que le fait de parler de sanctions économiques est un message négatif réclamant la définition du rapport entre l’Etat et la politique.

A l’instar du versement de l’argent, l’UE pourrait aider la Tunisie autrement soit par l’exportation des produits tunisiens, l’intégration du pays dans l’espace économique  ou par l’intervention auprès de la banque européenne de l’investissement mais cela ne pourrait être effectué qu’avec le retour au cadre constitutionnel ; Une mesure rejetée par 80% de la population qui considère que les partis politiques sont des camoras qui défendent leurs petits intérêts clientélistes et qui tentent à diviser l’Etat. Il faut, dans ce cas là, des incitations positives pour un meilleur futur” a t-il affirmé.

Qualifiant le référendum prévu pour le mois de juillet d’ambigu, l’expert a assuré que dans les pratiques internationales ce n’est pas la Constitution qui compte mais plutôt le processus constitutionnel.

Notons que Ayari a profité de la même occasion pour faire savoir que la situation en Tunisie pourrait donner lieu à des violences.

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