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Mali, Burkina Faso… : Poutine pactise avec Goïta, l’Occident a un problème de plus

Mali, Burkina Faso… : Poutine pactise avec Goïta, l’Occident a un problème de plus

Le président russe, Vladimir Poutine, est loin d’avoir réglé ses problèmes en Ukraine, pourtant il a promis à la junte militaire qui règne au Mali de l’aider à se débarrasser du péril terroriste et à sécuriser cet immense territoire. C’est l’engagement pris par Poutine hier mardi 4 octobre lors d’une conversation téléphonique avec Assimi Goïta, le chef de la junte qui s’est installée au Mali après le putsch de mai 2021, le deuxième en moins d’un an.

L’arbre qui cache la forêt

Le Mali n’est pas le seul à céder aux sirènes de Moscou, il y a aussi le Burkina Faso, après le coup d’Etat militaire du 30 septembre dernier, le deuxième en 8 mois. Ce sont les derniers développements dans un contient en pleine ébullition et où les opinions publiques sont travaillées par des groupes qui appellent clairement à la rupture avec “cet Occident néocolonialiste et impérialiste“, disent-ils. Washington a d’ailleurs mis en garde les militaires au pouvoir au Burkina contre la tentation russe. Ce coup de semonce suffira-t-il à stopper la lame de fond anti-occidentale ? Rien n’est moins sûr…

Les coups d’Etat prospèrent en Afrique, à l’Ouest surtout : au Mali ; en Guinée…; au Burkina Faso ; au Tchad où un militaire, fils d’un militaire, a remplacé son défunt père à la tête du pays, etc. Le continent est agité par des courants contestataires qui proposent ouvertement d’en découdre avec les anciens colons – essentiellement la France – pour solder le lourd passif du passé. La Russie de Poutine en a fait un argument de campagne pour séduire les gouvernants, les opposants et les militants panafricanistes…

Le chef de la diplomatie russe, Serguei Lavrov, était sur le continent africain en juillet 2022 – au même moment que le président français – pour expliquer la guerre de Poutine, la justifier et attiser une haine de l’Occident qui grossit sur le terreau du sous-développement dont pourtant les premiers responsables sont les dirigeants africains eux-mêmes, eux qui se vautrent dans les détournements de fonds, la corruption, la gabegie, le népotisme, un goût immodéré pour le pouvoir et ses attraits… Mais ça Moscou se gardera de le dire à la face de ses nouveaux “amis” africains.

Les dessous d’une étrange alliance

Ce qui intéresse la Russie c’est ce qu’elle peut vendre à l’Afrique – les armes essentiellement – , ce sont les marchés qu’elle peut y dénicher, ce sont les réseaux qu’elle peut y tisser pour caser ses paramilitaires, les “mercenaires” du groupe Wagner, comme c’est le cas en Centrafrique. C’est tout. Les dérives autoritaires en Afrique, cette régression incompréhensible, Poutine n’en dira jamais un mot, pratiquant lui-même la main de fer chez lui. Ce qui n’est pas le cas de l’Occident, la France notamment. Ce sont d’ailleurs les prises de position du président français, Emmanuel Macron, sur les incartades des militaires au Mali suite au deuxième putsch qui ont déclenché les bisbilles entre les deux partenaires. Pour finir par l’expulsion de l’ambassadeur et des soldats français, jusqu’à la rupture entre les deux pays…

Les paramilitaires russes, qui étaient déjà actifs au Mali, ont très vite occupé la place laissée par les militaires français. Est-ce que cela a aidé Bamako à enrayer les coups portés par les djihadistes ? Assurément non. On leur prête même moult exactions et crimes contre les populations civiles. En fait, à part quelques équipements militaires russes dont deux hélicoptères de combat, Bamako n’a rien gagné dans son partenariat avec Moscou. Et c’est valable pour tous les nouveaux “amis” africains des Russes…

Ils soufflent sur les braises… jusqu’à quand ?

Le maître du Kremlin n’a réglé aucun des problèmes de l’Afrique, pourtant cela n’empêche pas le célèbre militant panafricaniste Kemi Seba de clamer en mars dernier, après l’incursion russe en Ukraine, que “Poutine veut récupérer son pays et il n’a pas le sang de l’esclavage et de la colonisation sur les mains. Je préfère Poutine, même si ce n’est pas mon messie, à tous les présidents occidentaux et à tous les maudits présidents africains, soumis à l’oligarchie de l’Occident“,

Kemi Seba n’est pas le seul à penser ça, le très influent Julius Malema, chef de file de la gauche radicale sud-africaine, a asséné ceci : “Nous sommes là pour dire à l’OTAN et aux Américains que nous ne sommes pas avec eux. Nous sommes avec la Russie et aujourd’hui nous voulons remercier la Russie. Donnez-leur une leçon, nous avons besoin d’un nouvel ordre mondial et nous sommes fatigués de recevoir des ordres des Américains“.

En Ouganda, le fils du chef de l’Etat, un général très influent, na cache pas son adhésion aux thèses et actes posés par Poutine. “La majorité de l’humanité (qui n’est pas blanche) soutient l’action de la Russie en Ukraine. Poutine a absolument raison !“, avait tweeté fin février cet homme qui souffle à l’oreille de son papa président…

Et la mayonnaise prend sur les réseaux sociaux. “Il y a une prolifération de chaînes Youtube qui relaient des discours déstabilisateurs. Ils créent un fossé entre l’Occident et les régimes africains et servent ainsi les intérêts russes“, a dit un chercheur à l’université de Malmö en Suède cité par TV5 Monde.

En l’état rien ne semble pouvoir stopper la déferlante en Afrique. Il faudra attendre l’issue de la guerre en Ukraine et l’identité de son vainqueur pour avoir des indications sur la pérennité ou non de la vague russe sur le continent africain…

 

 

 

 

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