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Affaire Ghannouchi : Erdogan rase les murs, l’émir du Qatar aux abonnés absents…

Affaire Ghannouchi : Erdogan rase les murs, l’émir du Qatar aux abonnés absents…

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a moins d’appétit pour la Confrérie des Frères musulmans, avec tous ses pépins économiques accentués par la facture astronomique des deux séismes alors que les élections approchent à grands pas (en mai 2023). Mais pour son ancien compère Rached Ghannouchi Erdogan veut bien oublier un moment ses ennuis. Il a commenté l’arrestation du président d’Ennahdha pour incitation à la haine et à l’affrontement.

Le chef de l’Etat turc a fait part de son inquiétude après l’interpellation du chef de file des islamistes tunisiens lundi 17 avril 2023. Erdogan a confié hier mardi 18 avril à la chaîne TRT qu’il tenterait de prendre contact avec les autorités tunisiennes pour exprimer ses sentiments…

Il a dit ceci : “Le pouvoir actuel en Tunisie a arrêté mon frère Ghannouchi. Nous ne sommes pas parvenus à communiquer par téléphone avec les autorités tunisiennes, mais nous continuerons d’essayer de les joindre. Si nous arrivons à leur parler nous leur dirons que nous ne jugeons pas cela [l’arrestation de Ghannouch] approprié».

Donc Ankara en restera là : Une protestation de principe, molle, conscient du fait que les carottes sont peut-être cuites pour l’islam politique en Tunisie et qu’il faille tourner la page pour passer à autre chose. Comme l’a dit l’artisan de la 5ème République française, le général de Gaulle, “les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts“. Erdogan a peut-être pensé aux intérêts de la Turquie et s’est peut-être dit qu’il ne fallait pas renverser la table, qu’il fallait songer à son avenir avec la Tunisie…

Erdogan a démontré en pactisant avec l’ennemi historique, les Emirats arabes unis, qu’en la matière tout est possible pourvu que les enjeux financiers le valent. C’est au nom de la même logique qu’il a enterré la hache de guerre avec l’Arabie saoudite, Israël, etc. Bref, le président turc est devenu un as de la géopolitique des temps modernes…

Par contre il y en a un qu’on n’a pas entendu jusqu’ici sur l’affaire Ghannouchi : le Qatar. Le “petit” émirat, qui fut le pilier et le grand financier des Frères musulmans, ne s’est pas exprimé officiellement sur la disgrâce du président du mouvement Ennahdha. Les temps ont changé du côté de Doha depuis que l’émir Cheikh Hamad a tiré sa révérence pour laisser la place à son fils, Cheikh Tamim. Ce dernier a les yeux braqués sur l’Occident et le gaz qu’il lui vend pour préparer la fin inéluctable des hydrocarbures…

La Confrérie ou ce qui en reste a commenté laconiquement les déboires de Ghannouchi. C’est la fin d’une époque, la fin des idéologies, l’islamisme comme toutes les autres ; place à l’ère de la realpolitik et du pragmatisme, au nom des intérêts suprêmes de la nation. Et cette fin là justifie tous les moyens.

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