Certes l’Algérie et la France font encore du business, les chiffres sont même très bons, mais les liens sont surtout tissés par les entreprises des deux pays. Au sommet de l’Etat rien ne va plus sur le plan diplomatique, les relations sont même au point mort. Après avoir reporté à moult reprises son voyage à Paris le président algérien Abdelmadjid Tebboune n’en parle même plus, alors qu’entre temps il est allé jusqu’en Russie et en Chine. Il n’y aura pas de suite aux visites en grande pompe du président et de la Première ministre français en Algérie, en août et octobre 2022. En tout cas ce n’est pas à l’ordre du jour. Et quand Alger dessine son avenir il le fait avec la Chine, qui ne lésine pas sur les milliards de dollars. Les liens entre la France et l’Algérie se sont tellement distendus que la très officielle Algérie Presse Service (APS) s’en est mêlée, avec une violente charge contre la chaîne France 24…
APS n’a pas hésité à la qualifier de «chaîne poubelle». Courroucée par le traitement médiatique de l’affaire Nahel l’agence algérienne a publié ceci sur son site : «la France officielle qui s’en est prise aux réseaux sociaux qu’elle accuse d’attiser la haine après la mort de Nahël, en déclarant, par la voix du porte-parole du gouvernement qu’il faudrait « couper » en cas de crise, doit impérativement commencer par balayer devant sa porte».
France 24 est accusée d’avoir déversé sa haine sur l’Algérie, piétinant les règles élémentaires de déontologie et brisant tous les codes et usages de l’information. Même la couverture des incendies dans les pays du bassin méditerranéen est sujet à polémique. APS soutient que France 24 s’est focalisé sur les feux de forêt en Algérie, une attitude qualifiée de «grossière, vulgaire, honteuse, sans aucun respect pour la mémoire des victimes»…
Bon, dans les faits ce n’est pas exactement ce que dit APS, la chaîne française a aussi copieusement parlé de la Grèce, de la canicule qui sévit sur le continent américain, etc. Mais à ce stade l’essentiel est la perception qu’ont les Algériens de la France et des Français. Ce qui préoccupe c’est cette impression d’acharnement qu’a Alger. Officiellement les autorités gardent le silence mais ce que dit l’agence de presse algérienne c’est certainement ce qui circule dans les cercles du pouvoir.
On a vu les développements de cette grogne anti-française en Afrique, notamment à l’Ouest, une vague sur laquelle a surfé la cheffe de file de l’extrême droite française, Marine Le Pen, pour déstabiliser le président Emmanuel Macron. C’était lors de son voyage au Sénégal. Donc attention aux bruits qui montent en Algérie…
APS a dit ceci en direction de la chaîne française : «Messieurs de la chaîne poubelle, France 24, qui recevez vos «orientations sur l’Algérie», d’un des proches de l’Elysée, connu pour ses «connexions» avérées avec l’organisation terroriste MAK, vous devrez faire preuve d’un minimum d’objectivité en ces temps de deuil. Que cette chaîne du mal, du chaos et de la manipulation, cesse ses grossiers mensonges sur l’Algérie qui a déployé tous les moyens matériels et humains pour éteindre les incendies», lit-on sur le site d’APS.
France 24, qui appartient au groupe public France médias monde, est carrément accusée de planquer sciemment sous le tapis certains faits. «Cette focalisation particulière sur une région à des visées diaboliques qui n’ont rien à avoir avec une quelconque action humaine. (…) Le traitement honteux des incendies en Algérie conforte la décision des autorités algériennes de fermer les bureaux de cette chaîne et ce n’est pas demain que France 24 remettra les pieds en Algérie», ajoute APS.
L’agence officielle algérienne conclut en ces termes : «Qu’attendent les patrons de l’audiovisuel extérieur français pour tirer les leçons du pourquoi du rejet de cette chaîne par de nombreux pays africains. Si la France n’a plus de pré carré en Afrique, où elle est chaque jour de plus en plus indésirable, elle doit s’en prendre à son groupe de médias, France médias monde, qui sème la haine et incite au chaos».
Pour ceux qui en doutaient encore on est sorti du bras de fer autour de traitements médiatiques dits orientés ou partiaux, l’affaire est politique et on mesure difficilement ses conséquences sur le plan diplomatique. Un incendie de plus en Afrique que Macron devra éteindre rapidement. Mais comment ? “That is the question”…
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