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Allemagne : Miss 2024 attaquée pour ses origines iraniennes, l’ancien ministre français Jean-Pierre Chevènement avait raison sur le “déraillement nazi”

Allemagne : Miss 2024 attaquée pour ses origines iraniennes, l’ancien ministre français Jean-Pierre Chevènement avait raison sur le “déraillement nazi”

Le racisme et la xénophobie prennent parfois des détours, s’enrobent de motifs factices mais finissent toujours par atteindre leur cible. Après Miss Japon, Carolina Shiino – d’origine ukrainienne – et Miss France, Ève Gilles – une métisse – c’est au tour de Miss Allemagne d’essuyer les foudres d’une partie de la société allemande, la frange moisie, fort heureusement pas tout le pays. On a dit de Miss France qu’elle n’est «pas assez féminine», de Miss Japon qu’elle n’est «pas assez Japonaise», pour Miss Allemagne ce sera ses origines iraniennes, sa chevelure bouclée ou que sais-je encore. L’ancien ministre de l’Intérieur français Jean-Pierre Chevènement avait déclaré le 21 mai 2000 que l’Allemagne ne s’est «pas encore guérie du déraillement nazi». Ses propos avaient provoqué un tollé, en France et en Allemagne, mais force est de reconnaître qu’il avait raison…

Et il aura d’autant plus raison avec la montée en puissance de l’extrême droite en Allemagne, illustrée par les percées électorales de l’AfD (Alternative für Deutschland). Apameh Schönauer a fui l’Iran à l’âge de 6 ans. Toute sa vie elle l’a faite en Allemagne et elle s’est faite toute seule, avec une belle carrière d’architecte. Ce qui ne l’empêche pas de militer pour les droits des femmes dans son pays d’origine, et Dieu sait qu’elles en ont besoin. Tout ça est balayé net par ceux qui s’en prennent à son physique, sa coiffure. Depuis son élection le 24 février le cyberharcèlement fuse.

Sur les réseaux sociaux il y a un déluge de commentaires violents sur son âge (39 ans), son apparence physique et sa chevelure qui ne cadreraient pas avec les «standards de beauté» traditionnels, crient les loups du web. Le grand journal «Die Spiegel» est l’un des rares à rappeler que l’élection de Miss Germany est très spéciale et n’obéit pas aux critères classiques, et que par conséquent cette mère de deux enfants y a toute sa place.

«Miss Allemagne était autrefois un concours avec des femmes en bikini sur les podiums. Puis, il y a eu un changement d’image : depuis 2019, la personnalité des participants et la volonté de prendre des responsabilités comptent davantage. Le gagnant ne reçoit d’ailleurs plus de couronne, mais un chèque pour agir», souligne le journal allemand.

De ce point de vue Apameh Schönauer écrase la concurrence. Depuis qu’elle a quitté Téhéran elle se bat pour exister et elle a brillamment réussi. Le soir de l’élection elle a tenu un discours qui a ravi le jury et l’assistance. Elle s’est engagée à «défendre les jeunes femmes issues de l’immigration, à soutenir les femmes défavorisées et opprimées à travers la Fondation Shirzan», dont elle est l’initiatrice. «Quels que soient les obstacles, continuez !», est sa devise.

Par ailleurs le «Tagesspiegel» rapporte qu’avant son élection Apameh Schönauer s’est positionnée publiquement du côté des droits des femmes, en insistant sur les souffrances des Iraniennes. Elle aurait dit dans ce sens : «Je pense que l’Allemagne doit ouvrir un peu plus les bras et nous permettre de devenir plus colorés». Cela n’a certainement pas plu aux xénophobes tapis dans l’ombre et ils le font payer très cher à Miss Allemagne. Ça ne l’empêchera pas de tailler la route, avec pour unique boussole les droits humains.

 

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