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Ça ne plaira pas aux députés européens refoulés : Tunis encaissera 232 millions d’euros et rapidement

Ça ne plaira pas aux députés européens refoulés : Tunis encaissera 232 millions d’euros et rapidement

Les vents décidément sont favorables à la Tunisie. Contre vents et marées – je parle du Parlement européen et de ses diatribes sur la trajectoire de la démocratie tunisienne – Tunis va commencer à encaisser l’aide financière promise par l’Union européenne (UE). Ça commence par une enveloppe de 127 millions d’euros, dans les tout prochains jours et ça continuera avec un autre paquet de 105 millions d’euros. Certains Etats membres de l’UE reprochaient à la présidente de la Commission européenne (CE), Ursula von der Leyen, d’avoir fait cavalière seule dans cette affaire et d’avoir pactisé avec Tunis au mépris des droits humains, à l’arrivée l’Allemande a imposé sa volonté…

Ou c’est plutôt la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, qui a imposé sa volonté. La situation intenable à Lampedusa est passée par là. C’est cet afflux de migrants qui a abattu les résistances des partenaires européens. Ils ont maintenant la certitude que sans un appui conséquent des efforts des pays pourvoyeurs de clandestins – et hélas la Tunisie est en pole position – le flot ne se tarira jamais, bien au contraire. Et après la Tunisie il faudra sceller d’autres pactes avec la Libye, l’Egypte et certainement les pays subsahariens.

D’ailleurs c’est exactement le plan de la présidente de la CE pour régler le problème à la source, au lieu d’attendre qu’il inonde l’Europe et affole les 27 membres de l’UE au point qu’ils s’écharpent pour savoir qui va en recevoir le plus, le moins. Le sauvetage de la cohésion, de la solidarité et in fine de l’union européennes est à ce prix. Après tout ces millions versés à la Tunisie sont une broutille au regard des dégâts dans la tête des citoyens européens, persuadés que ces hordes de migrants finiront par les ensevelir. On combat les peurs fantasmées par une action politique forte, Mme von der Leyen semble l’avoir bien compris, elle fait le job même s’il faut pour cela bousculer et écraser quelques mâles dominants.

Pourtant la Tunisie est partie de loin. Rappelons qu’en juillet dernier Sylvie Guillaume, députée européenne, a appelé à suspendre l’accord signé par l’UE et la Tunisie au motif qu’il n’y a aucune garantie sur le respect des droits humains. Le député italien Benedetto della Vedova a abondé dans le même sens…

Et que dire de la charge contre Tunis du vice-président du Groupe S&D au Parlement européen, Pedro Marques : «l’UE ne peut pas financer un régime autoritaire pour externaliser la gestion de la migration simplement pour satisfaire les forces de droite en Europe (…). Nous devrions plutôt soutenir la démocratie et nous engager avec la société civile tunisienne (…) La Commission devrait reconsidérer l’accord UE-Tunisie et le rendre conforme aux traités sur les droits de l’homme et la démocratie».

Et pas plus tard que le 14 septembre 2023 Tunis a osé fermer la porte à la délégation de la Commission des Affaires étrangères du Parlement européen, conduite par son intraitable président, Michael Gahler, un homme que le président Kais Saied connait très bien. Les eurodéputés ont râlé, éructé, fulminé et dit tout le mal qu’ils pensent de la direction que prend la Tunisie, ça ne pèsera pas lourd face à l’urgence de contenir les flots de migrants…

Et même mieux : “L’UE et la Tunisie sont déterminées à progresser rapidement dans la mise en œuvre du protocole d’accord, en donnant la priorité aux actions dans le domaine de la migration, à la coopération pour faire face aux réseaux de passeurs et à une assistance intensifiée de l’UE pour le renforcement des capacités des autorités tunisiennes chargées de l’application des lois, ainsi que soutien au retour volontaire et à la réintégration des migrants dans leur pays d’origine, dans le plein respect du droit international”, indique le communiqué émis ce 22 septembre par les services de Mme von der Leyen.

Elle reste la patronne de l’UE, quoi qu’en disent ses détracteurs. Et les choses ne sont pas près de changer avec tous ces défis qui se bousculent au portillon.

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