De toute évidence le label tunisien Jadida, qui opère et prospère au Sénégal depuis un paquet d’années, ne s’attendait pas à être pris dans la tempête autour des Subsahariens. La société vient de publier un communiqué très laconique mais qui en dit long sur sa situation très inconfortable avec toutes ces rumeurs infondées qui affluent, amplifiées par des réseaux sociaux très friands de la chose…
“Suite aux informations qui circulent, la SENICO informe son aimable clientèle que JADIDA est un produit 100 % sénégalais. Nos équipes produisent localement tous les différents produits de la gamme JADIDA dans notre usine sis à Diamniadio.
JADIDA, SUNU MOMEL!” (un message sympathique en Wolof, la langue locale, pour dire que Jadida est bien un trésor purement sénégalais), dit le communiqué.
Les Sénégalais adorent la cuisine au beurre et jusqu’ici personne n’a rien à redire sur les produits que cette société fabrique et commercialise avec succès sur place. Si la direction a jugé utile de pondre ce communiqué c’est bien que quelque chose a commencé à gripper la machine.
Mais que les Tunisiens se rassurent, il n’ y a pas de campagne orchestrée pour boycotter les marques tunisiennes ou s’en prendre de quelque manière que ce soit aux ressortissants tunisiens ou à leurs intérêts au Sénégal. Les autorités locales ne laisseront jamais faire, en vertu des solides relations entre les deux pays tissées par Léopold Sédar Senghor et Habib Bourguiba…
D’ailleurs les forces de l’ordre ont arrêté samedi dernier 14 personnes – dont un député – qui ont eu la mauvaise idée d’aller manifester, sans autorisation, devant l’ambassade de la Tunisie à Dakar. De ce point de vue les pouvoirs publics sénégalais seront intraitables, on peut y compter. Reste que de la même manière qu’il y a des illuminés en Tunisie il y en a aussi au Sénégal et ailleurs, donc on n’est pas à l’abri d’actes isolés et incontrôlés. Mais ce sera tout.
Ces scènes de Subsahariens qui quittent la Tunisie par centaines devaient forcément finir par avoir un impact, même chez des gens normalement constitués. Il fallait s’y attendre. Mais la bonne nouvelle c’est que depuis cette malheureuse affaire les autorités tunisiennes multiplient les assurances et gages en direction des pays subsahariens, jusqu’aux mesures sans précédent annoncées hier dimanche 5 mars…
On est dans la bonne direction. Cette éruption soudaine, quoique profondément douloureuse, finira par s’apaiser avec le temps. Il faudra parfois beaucoup de temps pour soigner les blessures de part et d’autre mais on y arrivera à coup sûr, pour in fine ne garder que ce qui nous unit, l’essentiel : l’union et le développement harmonieux de notre continent, l’Afrique.
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