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Encore des coups qu’il donne à sa Troisième République, méthodiquement…

Encore des coups qu’il donne à sa Troisième République, méthodiquement…

La gouvernance par la tension, la pression constante. A chaque jour son offensive, son attaque, ses coups, tous azimuts, inutilement. A croire que la sérénité nationale, juste un peu de tranquillité pour pouvoir avancer ensemble, ne sera jamais de mise. Et pourtant sans elle aucun élan collectif vers la relance du pays n’est possible.

Alors que le soufflet sur les Subsahariens n’est pas encore retombé et que les partenaires étrangers commençaient à être rassérénés par les gages donnés par la Tunisie, patatras : le chef de l’Etat, Kais Saied, a jugé utile de replacer la souveraineté du pays au centre

Comme si quelqu’un ou quelque chose mettait en cause cette souveraineté, la menaçait, comme si le président de la République n’avait pas tous les leviers et institutions sous la main, sa cote de popularité en plus, pour mener sa barque comme il l’entend et être jugé sur pièce après. De quoi ou de qui pourrait-il raisonnablement avoir peur ? Nous ne voyons vraiment pas !

A part injecter une dose supplémentaire de tension et désorienter davantage les partenaires de la Tunisie le pays n’a rien à gagner dans cette stratégie du combat permanent, surtout contre les mains qui nous portent secours…

Rappelons que la Tunisie attend encore la fumée blanche de la Banque mondiale pour reprendre langue avec les autres bailleurs. Ce n’est pas le moment de distribuer des coups qui seront forcément interprétés au mieux comme un brouillage des cartes, au pire comme un reniement des promesses et engagements. L’heure est à la clarté sur la trajectoire du pays, ce n’est pas le moment de croiser le fer.

Tunis, qu’il le veuille ou non, est désormais sous étroite surveillance et pour longtemps. Pour que ça change il faudra faire profil bas, travailler dans la durée sur les fondamentaux et corriger ce qui doit l’être pour enfin gagner les moyens de son indépendance financière et tout le reste. Toute autre éruption est dommageable pour le pays. Comme l’est cette interdiction faite à la presse – à part deux médias publics – de couvrir la première séance de la toute nouvelle Assemblée…

C’est l’exemple type d’une tension inutile, qui fera encore parler de la Tunisie en mal alors tous les projecteurs sont braqués sur elle. Le nouveau Parlement était censé ouvrir une nouvelle ère vers une Troisième République qui rompt définitivement avec les coups d’éclat du Parlement dissous, il est regrettable que ses débuts soient associés à une décision lourde qui n’avait aucune raison d’être.

Qu’allaient-faire les journalistes à part couvrir des débats purement formels et rentrer tranquillement chez eux ? En quoi leur présence était nuisible de quelque manière que ce soit au baptême de feu des nouveaux députés ? En édictant ce black-out médiatique qui n’avait aucune raison objective d’être on provoque inutilement une colère qui ne soigne en rien les affaires de la Tunisie, qui ne soigne en rien l’image de la jeune démocratie.

De la même manière que les dégâts du discours sur les Subsahariens étaient prévisibles ces coups portés à la liberté de la presse sont destructeurs. Aucun exécutif à travers le monde – je parle des démocraties – n’a jamais gagné quoi que ce soit dans le fait de brimer sans raison les médias. Les coups qu’on porte aux journalistes sont autant de coups qu’on donne à la République. Il est encore temps de faire machine arrière avant l’irréparable…

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