Tunisie

Fin des subventions-Aides ciblées : Rabat se lance dès ce jeudi, Alger sur les rails, Tunis fait de la résistance

Fin des subventions-Aides ciblées : Rabat se lance dès ce jeudi, Alger sur les rails, Tunis fait de la résistance

On y est : le grand saut vers la fin des subventions généralisées sur les produits de première nécessité et le début des aides sociales directes, ciblées. L’annonce a été faite par les autorités marocaines hier lundi 25 décembre. Une première fournée de quelque un million de familles démunies toucheront à partir de ce jeudi 28 décembre la toute première aide directe mensuelle…

Les bénéficiaires encaisseront au moins 500 dirhams (un peu plus de 45 euros) par mois “quelle que soit la composition de la famille“, a indiqué le Premier ministre Aziz Akhannouch lors d’un Conseil ministériel, dit le communiqué officiel. Ce dispositif sera financé à hauteur de 25 milliards de dirhams (près de 2,3 milliards d’euros) pour 2024, avait confié fin octobre dernier le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas.

Cela fait dix ans que les autorités cuisinent le recentrage des aides sociales, dans le cadre d’un méga plan de réformes sociales dont les grandes lignes ont été définies par le roi Mohammed VI en 2020. Il est aussi question d’étendre la couverture sociale à tous les sujets de Sa Majesté, un projet impulsé en 2021.

A noter que l’assurance maladie obligatoire, qui était dévolue aux fonctionnaires et salariés du privé, couvre déjà plus de 3,8 millions de travailleurs non-salariés et leurs familles, d’après l’agence de presse marocaine (MAP). Ce n’est pas tout : 10 millions de personnes défavorisées bénéficient de cette couverture médicale, des cotisations payées par l’Etat.

Le gouvernement avait décidé avant février 2022 d’enterrer la système de compensation générale, mais la crise du du Coronavirus et le contrecoup inflationniste de la guerre en Ukraine avaient tué dans l’oeuf ce projet. Ces difficultés économiques et sociales persistent avec un taux de croissance d’à peine 2,7% et une inflation de 6,1%, d’après les dernières estimations de la Banque centrale du Maroc…

Dans un pays où la politique sociale est en pole position il n’est pas facile de toucher aux subventions des produits de grande consommation, surtout dans une telle conjoncture économique qui génère davantage de pauvreté. Mais le système est arrivé à bout de souffle et les réformes sont devenues une urgence pour les caisses publiques. Le cap a été fixé mais on attend encore des indications sur les échéances.

La chose ne va pas de soi et porte en elle les germes d’une explosion sociale. La Tunisie est travaillée par ce projet depuis des années mais hésite à sauter le pays. Et c’est pour s’être enhardi sur cet épineux dossier, avec quasiment des engagements auprès du FMI, que le ministre tunisien de l’Economie Samir Saïed a été limogé. L’Algérie aussi a annoncé le grand virage et travaille déjà sur le système informatique pour orienter les aides vers les nécessiteux…

Bref, chacun y va à son rythme pour négocier ce tournant majeur très délicat, mais ce qu’on a compris c’est que tôt ou tard tout le monde sera logé à la même enseigne in fine, inéluctablement.

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