Les citoyens français ont défilé hier jeudi 19 octobre à Paris pour les droits du peuple palestinien, pour l’application du Droit international – enfin, ce qui en reste -, etc. Quoi de plus banal et normal me diraient certains. Mais en fait la chose n’allait pas de soi car au départ cette manifestation était interdite par le Préfet de Police de la capitale…
Interdite parce que son patron, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, avait interdit toute forme de protestation pour les droits élémentaires des Palestiniens, même au nom des horreurs que subissent les populations de Gaza, bombardées sans ménagement et de manière indiscriminée par l’armée israélienne. Et le ministre français de la Justice, Éric Dupond-Moretti, veille au grain pour punir sévèrement tous les récalcitrants.
Et d’ailleurs hier au début de la manifestation à Paris on a vu les agents des forces de l’ordre agripper des jeunes pour les évacuer manu militari. Et puis patatras : Alors que les policiers malmenaient les manifestants la décision du Tribunal administratif est tombée, comme un couperet. La juridiction, qui fait autorité en la matière et le pouvoir exécutif n’y peut rien, casse l’interdiction du Préfet. C’est la deuxième claque pour les autorités, après celle du Conseil d’État…
Mais en fait ce dernier, la plus haute juridiction administrative du pays, avait coupé la poire en deux en édictant qu’il revient aux Préfets de juger de la pertinence de l’interdiction des manifestations pro-palestiniennes, en fonction des éléments en leur possession sur de potentiels risques de dérapage ou d’affrontement. Mais les Préfets c’est aussi un peu Darmanin, et c’est la raison pour laquelle cette manifestation était interdite dès son annonce.
Avec la décision du Tribunal administratif le pays retrouve un peu de son bon sens et les gens recouvrent la liberté de pensée et d’action que leur donne la Constitution. Merci à qui ? Merci à John Locke et à Montesquieu qui eurent la bonne idée de théoriser au 18ème siècle la séparation des pouvoirs, cette valeur essentielle qui a fait de la France, du Royaume-Uni et des autres les démocraties qu’ils sont…
Si ça ne tenait qu’au ministre de l’Intérieur, à son binôme à la Justice et même au président Emmanuel Macron – même si hier il a mis beaucoup d’eau dans son vin – il n’y aurait aucune voix discordante sur Israël et ce qu’il inflige aux Gazaouis. Heureusement qu’ils ne sont pas les seuls maîtres à bord en France. Heureusement.
La démocratie française, malgré les accidents de parcours, pulse encore. Mais cette affaire est la preuve qu’elle aussi, comme la démocratie américaine du reste, a besoin d’être protégée, consolidée, tous les jours. 234 ans après la Révolution française ce n’est pas gagné et ça ne le sera jamais. La démocratie vit encore et vivra tant que l’extrême droite de Marine Le Pen et Jordan Bardella restera derrière la porte du pouvoir. Aux dernières élections ils s’en sont approchés de très près, trop. Attention aux prochaines…
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