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Migrants-Tunis n’a pas ses 250 millions d’euros et Meloni verrouille l’Italie : “Vous serez arrêtés et ensuite rapatriés”

Migrants-Tunis n’a pas ses 250 millions d’euros et Meloni verrouille l’Italie : “Vous serez arrêtés et ensuite rapatriés”

La cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, a gagné les législatives de 2022, avec sa formation Fratelli d’Italia – extrême droite -, sur la promesse d’un “blocus naval” pour étouffer la migration illégale. L’engagement s’est heurté au mur de la réalité : C’est un problème incroyablement complexe qui ne se satisfait pas de solutions simplistes et démagogiques pour briller aux élections. Alors Meloni a changé de braquet et a sorti les violons en Tunisie, gros pourvoyeur de migrants. Mais voilà, de l’aveu même de la présidente du Conseil italien ses pairs européens bloquent le pacte scellé à Tunis et freinent des quatre fers pour les 250 millions d’euros promis au chef de l’Etat tunisien, Kais Saied, pour l’épauler dans son combat contre le très lucratif trafic humain

Le versement de l’argent cale parce qu’on reproche à la Tunisie de sortir des clous, précisément les idéaux démocratiques et les droits humains. Tunis a apporté de l’eau au moulin de ses détracteurs en barrant la route de la délégation de la Commission des affaires étrangères du Parlement européen qui voulait prendre le pouls de la situation politique. Rome sait donc qu’en l’état il ne pourra pas demander des miracles aux autorités tunisiennes, alors il prend le taureau par les cornes. Et la déferlante des migrants à Lampedusa démontre qu’il y a urgence.

Ce n’est pas le seul problème de Mme Meloni, au sein de son propre camp on commence à susurrer son échec. Le plus fielleux est sans doute son allié Matteo Salvini, patron de La Ligue, un parti qui prône la dureté extrême avec les migrants, quels qu’ils soient. L’ancien ministre de l’Intérieur n’ira pas aux élections européennes avec la cheffe du gouvernement, il fera cavalier seul et a déjà trouvé du renfort en France : la cheffe de file de l’extrême droite, Marine Le Pen. Ils ne manqueront pas de crier sur tous les toits que Mme Meloni a failli à ses engagements sur les migrants, comme d’ailleurs l’a fait le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin…

Les oreilles de Meloni vont siffler. Elle tente de conjurer le sort en corsant l’arsenal législatif contre l’immigration illégale. Hier dimanche elle a convaincu la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, de faire une virée à Lampedusa pour constater elle-même la situation intenable sur place. Il en est sorti un plan en 10 points pour soulager l’Italie. Mais Rome n’attendra pas les miracles de ses partenaires européens, le coût politique est trop élevé…

Ce lundi 18 septembre le gouvernement italien a pris de nouvelles dispositions pour tarir les vagues de migrants à Lampedusa. Il est question surtout de multiplier les centres de rétention et de rallonger la détention des migrants clandestins. On passe désormais de 135 jours à 18 mois, maximum. Retour donc au dispositif en vigueur de 2011 à 2014, qui avait été réformé par le gouvernement de gauche piloté par Matteo Renzi.

Concrètement “cela signifie – et j’envoie ce message très clair à toute l’Afrique – que si vous vous en remettez à des trafiquants pour violer la législation italienne, quand vous arrivez en Italie vous devez savoir que vous serez arrêtés et ensuite rapatriés“, a clamé Meloni dans un entretien télévisé. Le Conseil des ministres, confie une source gouvernementale, a avalisé le tour de vis. Place maintenant au vote du Parlement, la gauche fulminera mais ce texte a toutes les chances de passer vu les rapports de force.

A noter que les neuf centres de détention en place accueillent maximum 1161 personnes. Près de 6400 migrants y ont été retenus en 2022 et la grande majorité d’entre eux sont partis des cotes tunisiennes, égyptiennes, marocaines, nigérianes et albanaises. Un peu plus de 3150 d’entre eux ont été renvoyés, d’après l’autorité de contrôle des prisons.

La cheffe du gouvernement italien a dit hier dimanche que le ministère de la Défense sera chargé d’installer d’autres centres de rétention “dès que possible“. Plus de 127 000 personnes ont débarqué en Italie depuis le début de 2023, contre 66 200 en 2022, d’après le ministère de l’Intérieur. C’est un problème dont le pays ne voit pas le bout et qui pourrait bien coûter à Mme Meloni son fauteuil si elle ne trouve pas rapidement des solutions durables. Sale temps pour l’Italie et l’Union européenne face à ce fléau des temps modernes.

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