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Saied tient la dernière pièce qui lui manquait pour sa “purge” du 17 décembre

Saied tient la dernière pièce qui lui manquait pour sa “purge” du 17 décembre

Il ne faut pas s’y tromper : En dépit de son apparente assurance et de ses déclarations péremptoires, le chef de l’Etat, Kais Saied, est certainement effrayé par l’ampleur de la tâche qu’il va entreprendre ce 17 décembre et par les innombrables questions sans réponses qui pointent déjà. Casser, oui, certes, c’est peut-être salutaire pour le pays, mais quoi mettre à la place ? Est-ce que cette vaste entreprise de démolition ne va pas ébranler ce qui reste de la maison Tunisie ? Quid de la capacité de nuisance des têtes qu’il s’apprête à sectionner ? Etc. Beaucoup de questions et très peu de réponses. Tout cela doit tenailler Kais Saied, qui n’a aucune expérience en la matière, même pas en tant que commis de l’Etat, et doit apprendre sur le tard le difficile et douloureux art de se couper un bras pour tenter de sauver le corps. Mais les errances, erreurs et dérives de ses ennemis pourraient lui faciliter le travail…

Nous allons survoler rapidement les gesticulations stériles et quelque peu pathétiques de Attayar, Al Joumhouri et Ettakatol. Ce n’est pas cela qui va freiner l’élan du locataire du palais de Carthage, au contraire ça apporte de l’eau à son moulin. Cela fait belle lurette que ces partis ne font plus bouger personne, encore moins mobiliser dans la rue. Leurs renoncements, compromis et compromissions ont fini par lasser et énerver tout le monde, même leurs propres militants. Par contre ce qu’a osé asséner le chef de file des islamistes, Rached Ghannouchi, tout de suite après l’incendie de son siège, est de nature à faire les affaires du président de la République…

Avoir l’outrecuidance et l’indécence suprême de se défausser publiquement en imputant la responsabilité du drame qui s’est produit à l’Etat, à l’exécutif – donc au chef de l’Etat -, au gouvernement et que sais-je encore, c’est une forfaiture absolue vis-à-vis de la victime doublée d’une faute politique majeure qui est sans doute la dernière pièce qui manquait au puzzle de Kais Saied pour entreprendre le grand ménage du 17 décembre.

Depuis 2011 jusqu’au 25 juillet, l’Etat c’était Ghannouchi, à quelques nuances près, si on met un peu de côté la parenthèse de sa cohabitation avec feu Beji Caied Essebsi, et encore. Alors si rien n’a été fait pour ce malheureux, alors que Ennahdha avait la main sur presque tous les leviers du pouvoir et que ses cadres menaient grand train aux frais de la République, c’est uniquement à eux qu’il faut s’en prendre…

A ce qu’on sache ce malheureux n’est pas allé s’immoler devant le palais ou la demeure du président de la République à El Mnihla, ni sous les fenêtres de la cheffe du gouvernement à la Kasbah. S’il a fait ce geste insensé – en attendant les conclusions de l’enquête – c’est bien parce que ses patrons lui devaient quelque chose, à tout le moins des explications sur son sort après des années de militantisme. D’autant plus que la même tragédie a failli se produire il y a un an

Ghannouchi devait juste boire sa honte et se taire, et attendre sagement que l’orage passe. Mais voilà, il a fallu que le président d’Ennahdha ajoutât le déshonneur, son déshonneur, à la souffrance de la famille de la victime. Il n’aura même pas eu le doigté et la roublardise de Noureddine Bhiri. Fin de partie tragique pour Ghannouchi et ce qui reste de sa famille politique…

 

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