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Tunisie- Diffusion en direct des travaux du Parlement: De revendication populaire à acte perturbateur

Tunisie- Diffusion en direct des travaux du Parlement: De revendication populaire à acte perturbateur

Le président de l’ARP Rached Ghannouchi aurait décidé prendre dorénavant certaines mesures disciplinaires à l’égard des députés qui procèdent à filmer les réunions du Bureau du Parlement.

Une décision apparemment soutenue par bon nombre de députés qui considère que « les lives » réalisés par certains représentants du peuple perturbent le travail Parlementaire.

Certains sont même allés jusqu’à agresser physiquement d’autres députés pour les empêcher de filmer ce qui se passe dans les couloirs de l’ARP.

Petit rappel historique

Fin 2011, au lendemain de l’élection de l’Assemblée nationale constituante tunisienne, les internautes ont appelé à la diffusion en direct des travaux du Parlement. Des centaines de personnes ont même changé leurs photos de profil pour y mettre la photo d’une caméra de surveillance afin d’exprimer leur volonté de connaitre tout ce qui se passe au palais du Bardo.

Les sessions plénières en direct sur Al Watania 2

Cet appel a été entendu, du moins en apparence, d’où la diffusion en direct des sessions plénières de la Constituante et par la suite de l’ARP (Assemblée des représentants du peuple) sur Al Watania 2.

Ce que le peuple ne savait pas à l’époque, est que la session plénière était le maillon faible du Parlement. En effet, conformément à l’Article 100 du Règlement Intérieur de l’ARP les projets de loi et le projet du budget de l’État, ne sont examinés en plénière qu’une fois que les commissions appropriées ont examiné ces projets et ont préparé des rapports à leur sujet. Certains, et c’est un euphémisme, votent même sans réellement comprendre ce qu’ils ont voté.

C’est pour cette raison que lors de ces séances, les députés sont souvent mis devant le fait accompli. Ils ne peuvent qu’approuver ou désapprouver ce qui a déjà été préparé dans les commissions.

De même, tout ce qui se rapporte à l’administration et aux finances de l’ARP est géré exclusivement par le Bureau du Parlement, ce qui confère à cet organe un énorme pouvoir. D’ailleurs, le président de l’ARP Rached Ghannouchi a même fait de sa fonction à la tête du bureau un poste politique.

Les réunions des commissions et du Bureau tenues à huis clos

Paradoxalement, les réunions des commissions et du Bureau de l’ARP sont tenues à huis clos et ne sont pas filmés par la télévision Nationale, ni d’ailleurs, par aucune autre chaîne, ce qui explique en partie le succès phénoménal des Lives diffusés par les membres du bloc PDL et Par sa présidente Abir Moussi.

De revendication populaire à acte immoral

Toutefois, la question qui demeure sans réponse est comment la revendication populaire relative à la diffusion en direct des travaux du Parlement se soit soudain transformée en un acte immoral et en une violation de «l’intimité des députés», dans le palais du Bardo ?

Les lives à l’ARP ont permis au peuple de connaitre ce qui se passe réellement dans les coulisses de l’organe législatif. Ils ont dévoilé, en grande partie, les véritables orientations et même intentions de bon nombre des entités politiques et ont même permis de dévoiler certains crimes.

Des députés du bloc Démocrate et du bloc PDL ont été physiquement agressés par d’autres députés affiliés à Ennahdha et à Al Karama. Ces agressions n’auraient probablement jamais pu être prouvées sans les scènes filmées en direct et partagées sur les réseaux sociaux.

Mais que veut-on, il semble que la diffusion en direct des assemblées plénières, soit moins dérangeante  que celle de la cuisine interne de l’ARP, vu que la première est inapte de garantir l’accès du citoyen à l’information en toute transparence.

 

 

 

 

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