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Ukraine : L’argent de Poutine ouvre la porte que Macron avait fermée, Sarkozy a osé…

Ukraine : L’argent de Poutine ouvre la porte que Macron avait fermée, Sarkozy a osé…

On parlait souvent des accointances du président français Emmanuel Macron avec la Russie ; on évoquait ses entretiens téléphoniques réguliers avec Vladimir Poutine et la qualité de leurs relations au point que Macron a soutenu publiquement qu’il ne fallait pas “humilier” la Russie avec laquelle il faudra négocier tôt ou tard. Le chef de l’Etat français aurait même soufflé à l’Ukraine de céder des morceaux de son territoire pour en finir avec la guerre. Macron a enterré tout ça face à la conduite insoutenable de Moscou. Mais dans tout ça on avait oublié les liens très solides entre l’ancien président français Nicolas Sarkozy et le maître du Kremlin. Il nous le rappelle dans une interview détonante avec Le Figaro, avec des propositions choc qui ont provoqué un tollé, même dans son propre camp…

Poutine très généreux avec Sarkozy, il le lui rend bien

«J’ai toujours été un ami de Vladimir Poutine» avait assumé Sarkozy en 2018 à Moscou dans une de ces conférences qui lui rapportent gros. Le moins qu’on puisse dire est que l’ancien président est resté fidèle à la Russie. Dans cet entretien publié hier mercredi 16 août il parle sans langue de bois sa vision de la guerre imposée à l’Ukraine et défend ouvertement une alliance avec Moscou.

On sait que Sarkozy, digne héritier de Charles Pasqua, est l’artisan du style décomplexé de la droite, sur tous les sujets, un virage qu’il a pris quand il était ministre de l’Intérieur (de 2005 à 2007) et qu’il a accentué quand il s’est installé au palais de l’Elysée (en 2007). Il le confirme en pointant les «promesses fallacieuses» faites, d’après lui, par les Occidentaux à l’Ukraine, notamment les engagements autour de l’adhésion à l’Union européenne (UE) et à l’OTAN. «L’Ukraine est un trait d’union entre l’Ouest et l’Est, il faut qu’elle le reste», assène l’ancien président de la République.

Il est d’avis que le pays de Volodymyr Zelensky «a une vocation de pont entre l’Europe et la Russie» et qu’à ce titre il «doit rester un pays neutre», malgré son appétit manifeste pour l’UE. Il va plus loin en proposant une «sortie par le haut» de cette guerre à travers des «référendums strictement encadrés par la communauté internationale pour trancher les questions territoriales de façon définitive et transparente».

Sarkozy n’a pas dit un mot sur les violations du droit international, de la charte des Nations Unies, sur les crimes de guerre perpétrés par l’armée russe en Ukraine, des exactions documentées et qui valent à Poutine un mandat d’arrêt lancé par la Cour pénale internationale, etc. Rien de tout ça, l’ancien chef d’État s’en tient à ce qu’il juge être une analyse objective de la situation, à la realpolitik dont il fut l’un des porte-drapeaux : il est «illusoire» de penser que Kiev pourra remettre la main sur la Crimée, annexée en 2014 par la Russie.

Le retour de bâton, de toutes parts

Ces propos ont provoqué un torrent de réactions outrées. La sortie de Jérôme Poirot, un des ex-collaborateurs de Sarkozy, est très remarquée. L’ancien adjoint du coordinateur national du renseignement à l’Élysée entre 2009 et 2015 a dénoncé sur LCI les «propos honteux» de son ex-patron. Il rappelle le déballage explosif de Mediapart en janvier 2023 sur le pactole des conférences ouvertement pro-Poutine servies par Sarkozy à Moscou en 2018, alors que le pays était théoriquement sous embargo depuis l’annexion de la Crimée.

Poirot rappelle également les 3 millions d’euros versés par une société d’assurance russe détenue par deux oligarques, une coquette somme qui est arrivée aux oreilles des limiers du Parquet national financier, et d’ailleurs une information judiciaire a été déclenchée à l’été 2020…

Heurté par les prises de position de l’ancien président, son ex-collaborateur ajoute ceci : «Quand il dit dans son interview qu’il a eu raison, en avril 2008, avec Angela Merkel, de s’opposer à l’Ukraine, à la Géorgie et aux Américains, qui souhaitaient que l’Ukraine et la Géorgie entrent dans l’Otan, ça montre qu’il n’a aucun recul sur ce qui s’est passé». Le haut fonctionnaire souligne que ces gages donnés lors du sommet de l’Alliance atlantique en 2008 et qui étaient censés calmer la Russie ne l’ont pas empêchée d’envahir la Géorgie quatre mois après.

Même son de cloche chez le chercheur en relations internationales Edward Hunter Christie, qui a travaillé pour l’OTAN ; il a pointé sur Twitter «l’interview catastrophique» d’un ancien chef d’Etat qui «n’a rien compris à la nature du problème sécuritaire posé par la Russie de Poutine». «Un ramassis de faux lieux communs de la part d’un dirigeant qui s’était pris une raclée verbale inouïe de la part du même dictateur russe. On aurait pu espérer que ce souvenir lui donne aujourd’hui une once de courage. Hélas, c’est à l’évidence le contraire», ajoute l’expert. Il fait allusion aux révélations du journaliste Nicolas Hénin sur la violente charge de Poutine contre Sarkozy au Sommet du G8 en 2007.

«“Les Russes sont des Slaves. Ils sont différents de nous. (…) Malgré cela nous avons besoin d’eux et ils ont besoin de nous.” Cela pourra faire rire, pleurer, ou susciter de la commisération», se gausse Bruno Tertrais, président de la Fondation pour la recherche stratégique, en reprenant un morceau de l’interview de Nicolas Sarkozy.

Les responsables politiques ne sont pas plus tendres avec le sulfureux ancien président qui a battu tous les records de casseroles judiciaires et condamnations. Le député écologiste Julien Bayou, membre de la commission de la Défense du Parlement, commente en ces termes : «Ceux qui relaient aveuglément la doctrine du Kremlin défendent leur intérêt, pas ceux de la France. C’est encore plus grave pour un ancien président de la République, sous le coup d’une enquête pour trafic influence», lâche sur Twitter l’élu de Paris…

Il a enchaîné sur LCI en déclarant que Sarkozy est «acheté par les Russes» et qu’en conséquence il «ne doit plus être considéré comme un ancien président de la République mais comme un influenceur russe».

Natalia Pouzyreff, députée Renaissance – la majorité présidentielle – et présidente du groupe France-Russie à l’Assemblée nationale, est formelle : «Trouver une voie de sortie à la guerre en Ukraine, oui. Discuter avec Poutine, non. En envahissant son voisin le 24 février 2022, le chef du Kremlin a tout simplement commis l’irréparable», a écrit sur Twitter l’élue des Yvelines.

Le député Renaissance de Paris et président de la Commission des Affaires européennes de l’Assemblée nationale, Pieyre-Alexandre Anglade, est plus sobre mais tout aussi radical : «L’Ukraine se bat pour sa liberté et sa souveraineté» mais également «pour l’Europe et ses valeurs».

Le président ukrainien en a vu et entendu d’autres, en fin communicant qu’il est il a certainement sa petite idée sur la façon de contrer cette petite musique pro-russe qui monte dangereusement, jusque chez le premier soutien, les USA. Et que dire de la proposition surréaliste de Stian Jenssen, chef de cabinet du secrétaire général de l’OTAN : Céder à la Russie les territoires annexés en échange d’une adhésion de l’Ukraine à l’Alliance. De toute évidence cette propagande est un nouvel ennemi que Kiev devra combattre, mais ce ne sera pas chose aisée.

 

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